En 2011, les américains mettent enfin la main sur le numéro 1 d’Al-Qaida, responsable des attaques du 11 septembre 2001. Barack Obama conduisait alors une opération des plus délicates avec l’appui des forces spéciales pakistanaises.
Les services secrets pakistanais ont fourni à la CIA l’information qui a permis aux Américains de localiser et de tuer le fondateur d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden, avait d’ailleurs révélé le Premier ministre pakistanais Imran Khan à l’époque. « C’est l’ISI (la principale agence d’espionnage pakistanaise) qui a donné l’information qui a permis (aux Américains) de localiser Oussama Ben Laden », avait-t-il ajouté, lors d’un entretien accordé à la chaine Fox News.
Le Pakistan avait jusqu’à présent réfuté avoir livré la moindre information sur le chef historique d’Al-Qaïda traqué sans relâche durant des années et tué le 2 mai 2011 par les forces spéciales américaines dans une maison située à Abbottabad, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale pakistanaise Islamabad.
Perçu par beaucoup comme un héros au Pakistan
Cependant, le général pakistanais à la retraite Asad Durrani, patron de l’ISI entre 1990 et 1992, avait suggéré dans un ouvrage paru en 2018 que le Pakistan avait probablement indiqué à Washington où se cachait l’ennemi numéro un de l’Amérique, « tout en feignant l’ignorance » car « coopérer avec les États-Unis pour une personne perçue par beaucoup au Pakistan comme un ‘héros’ aurait pu embarrasser le gouvernement ». Interrogé en 2011 par France 24, Youssouf Raza Gilani, alors Premier ministre du Pakistan, s’était défendu d’avoir eu connaissance de la cache du terroriste.
Le film de sa déchéance, une page qui se tourne
Il y avait au sein de la CIA, une cellule qui s’appelait la section « Ben Laden » qui était formée de 80 personnes dont beaucoup de femmes d’ailleurs. Ils travaillaient en permanence, 24h/24, avec un budget conséquent et dédié spécifiquement à cette tâche. Information donnée par le chef de l’observatoire international du terrorisme.
En effet, ces soldats d’élite du renseignement dépendaient directement du directeur de la CIA et ils étaient en rapport depuis trois ans avec les forces spéciales américaines en Afghanistan. La coordination entre la CIA, l’armée américaine du géneral Petraeus, chef de l’État-major de l’armée américaine en Afghanistan et tout nouveau directeur de la CIA, et le général Ashfaq Kayani, chef de l’armée pakistanaise, a été absolument parfaite et a joué un rôle important.
En outre, Oussama Ben Laden avait été repéré à de nombreuses reprises, les Américains avaient alors lâché des drones dans les zones afghano-pakistanaises plusieurs fois. En 2010 par exemple, trois chefs opérationnels important d’Al-Qaïda, qui allaient dans les mêmes caches qu’Oussama Ben Laden, ont été tués. Les Américains ont alors resserré le dispositif petit à petit.
Tout s’est déclenché en octobre 2011, quand Oussama Ben Laden a enregistré une longue interview, qu’Al-Jazira a diffusée le 27 octobre, dans laquelle il s’adressait directement au peuple français, leur demandant de retirer les troupes françaises d’Afghanistan contre la libération des otages français.
Ce jour-là, les services d’interception américains de la National Security Agency et les services militaires pakistanais d’interception électronique se sont aperçus que cet enregistrement avait été fait près d’Islamabad permettant ainsi de resserrer encore plus les endroits de la traque. On a alors compris que la traque ne devait plus se faire dans les montagnes, mais autour d’Islamabad. S’est suivi des surveillances accentuées des alliés.
Ensuite, la seule personne dans l’administration pakistanaise en qui les Américains avaient confiance, c’est le général Kayani et je crois que c’est le général Petraeus qui a négocié à la dernière minute cette intervention. Il est certain que les Pakistanais n’ont pas été tenu au courant. Les Américains ont peut-être évoqué une opération contre Al-Qaïda sans dire que Ben Laden était visé.
Obama n’a pas voulu d’un Ben Laden vivant
Ils pouvaient le capturer vivant, mais cela aurait été un problème pour les Américains car il aurait été forcément extradé aux Etats-Unis et ils n’auraient pas pu l’envoyer à Guantanamo puisque cette prison est en train d’être fermée. Et puis, le faire juger alors que la campagne de l’élection présidentielle va commencer aurait été périlleux, puisqu’on aurait eu beaucoup de questions sans réponses. Le président américain est le seul à pouvoir décider de cet ordre, puisque depuis la loi Reagan, on n’a pas le droit de tuer des étrangers, même terroristes, lors d’une opération militaire sans l’executive order du président. Barack Obama ne pouvait pas dire vis-à-vis du monde musulman qu’Oussama Ben Laden était l’homme à abattre.