Dans la nuit de mardi à mercredi, l’Iran a lancé une quinzaine de missiles contre des bases militaires américaines en Irak, à l’heure où le général Soleimani a été tué, il y a cinq jours. Une attaque plus symbolique que destructrice mais qui pourrait ouvrir la voie à l’escalade.
Comme nous l’avons déjà écrit, la question n’était pas de savoir si l’Iran riposterait à l’agression impérialiste américaine mais comment. L’Iran a annoncé son attaque contre les États-Unis avec une rhétorique de guerre inédite en mentionnant 13 scénarios stratégiques de riposte. Le Parlement iranien a adopté une loi qui déclare les forces américaines, le Pentagone et tous ceux qui ont pris part à l’assassinat de Soleimani comme terroristes incluant donc les alliés régionaux de l’impérialisme américain : Israël, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Koweït.
De même, le Parlement irakien s’est prononcé pour le départ de toutes les forces d’occupation étrangères en mentionnant en premier les lieu les troupes américaines là où les forces iraniennes, particulièrement influentes sur le territoire n’ont pas été visées. Dans le même temps, les cérémonies funéraires du général Qassem Soleimani ont été l’occasion d’une démonstration de force d’union nationale derrière le régime puisque plus d’un million de personnes sont descendues dans les rues de Téhéran et d’une douzaine d’autres villes iraniennes.
Le régime des ayatollahs a ainsi créé les conditions politiques pour mener à bien la réponse militaire nécessaire à l’exécution d’une des personnalités les plus importantes de la République islamique.
Attaque contre les États-Unis
Les Gardiens de la Révolution ont baptisé l’attaque « Opération martyre Soleimani ». Elle a consisté en deux attaques coordonnées, engagent une quinzaine de missiles (le nombre variant selon les sources gouvernementales, l’Irak parle de 22 missiles), contre des bases militaires en Irak. La première attaque a visé la base aérienne d’Ayn Al Asad, à l’ouest de Bagdad dans la province d’Al-Anbâr. L’autre attaque a touché la base d’Erbil, dans la région du Kurdistan irakien, un des alliés les plus importants des États-Unis dans le pays. Une deuxième vague a atteint une autre base Camp Taji, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Bagdad selon des sources militaires citées par Voice of America News.
Le pouvoir iranien a qualifié de « forte vengeance » de ces attaques tout en les considérant comme « proportionnées et légitimes ». Khameini, le Guide suprême a quant à lui parlé de « gifle au visage » des Américains, tandis que le président Rohani a menacé de « couper la jambe aux Etats-Unis » au Moyen-Orient. Au final, bien que nous soyons toujours en attente d’un réel bilan de ces attaques, elles semblent avoir été plus symboliques que destructrices. Si nous comparons les dommages causés par l’attaque américaine sur le pays persan, qui a perdu une de ses têtes stratégiques, sa principale figure militaire, un héros national, la réponse iranienne ne semble pas à la hauteur – surtout si l’on repense aux menaces de « déclencher l’enfer » sur l’armée américaine. Les tirs de missile se sont concentrés sur des bases d’occupation militaire américaine en Irak, mais les premiers rapports n’évoquent aucune victime américaine. Le pouvoir iranien ne semble donc pas chercher une escalade majeure (comme sa diplomatie a commencé à l’exprimer ces dernières heures) mais plutôt une réponse, nécessaire, à l’agression américaine.