Un projet de Loi constitutionnelle portant révision de la Constitution du 4 mai 2018 a été présenté, le 12 novembre, en conseil des ministres. C’est l’institution de la vice-présidence qui cristallise les esprits. Le futur vice-président sera nommé par le président de la République, dont il assure l’intérim en cas d’absence du territoire ou d’empêchement temporaire dans la limite des pouvoirs que le chef de l’Etat lui aura délégués. Les conditions d’exercice de l’intérim sont fixées par un acte règlementaire.
En cas de vacance de la présidence de la République ou d’empêchement définitif, les attributions du président de la République, à l’exception des pouvoirs prévus par les articles 85, 88 et 95, sont provisoirement exercés par le vice-président et, en cas d’empêchement de ce dernier, par le président du Sénat. Dans tous les cas, il est procédé à de nouvelles élections présidentielles 45 jours au moins et 90 jours au plus après l’ouverture de la vacance. La réforme de la loi fondamentale au Tchad porte également sur d’autres points importants.
Le deuxième forum national inclusif, tenu du 29 octobre au 1er novembre, a aussi validé le rétablissement du Sénat et de la Cour des comptes. Il faut noter que la rencontre, initiative du pouvoir, a été boycottée par une partie de l’opposition, des principaux syndicats et associations de défense des droits de l’Homme. Alors qu’ils accusaient Idriss Déby de vouloir perpétuer son règne à la tête du Tchad à travers l’institution de la vice-présidence, ce dernier a rétorqué : « en matière de réformes, je note un certain nombre d’innovations… Il s’agit notamment de la création de la vice-présidence ». A la suite de la présentation du projet de loi en conseil des ministres, la réaction de l’opposition ne s’est pas fait attendre.
Le chef de l’opposition Felix Romadoumngar Nialbe, président de l’Union pour le renouveau et la démocratie (URD), a exprimé son opposition à l’instauration d’un poste de vice-président de la République. Il plaide pour le retour du poste de Premier ministre. « Parlons de la dissolution de l’Assemblée nationale et de la dissolution également du Sénat si c’est la vice-présidence qui doit être retenue. Tous, l’histoire va nous condamner. De grâce, aimons ce pays, ne le plongeons pas dans une guerre inutile, la vice-présidence est porteuse des germes de division. Vous avez écouté ici qu’il faut donner aux rebelles. (…) Il faut donner aux femmes, sinon elles vont être mécontentes (…) Donner aux arabophones, donner aux francophones. Nous avons déjà créé la division autour de ce poste ici », a-t-il tranché.
Pour l’opposant Saleh Kebzabo, le président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), ce faisant le chef de l’Etat au pouvoir depuis 30 ans tente de régler sa succession sans se soucier du jeu démocratique : « la faiblesse de ce vice-président, c’est qu’il n’aura aucune légitimité. Il dépendra directement d’Idriss Déby avec en arrière-plan, l’idée de la succession. C’est dommage pour le Tchad parce que d’une façon ou d’une autre, Déby qui a toutes les manettes en main, jouera la partition qu’il voudra le moment venu, et ce sera donc son choix qui réglera le problème de la succession, et non pas le choix du peuple, c’est dommage ».