Dans son communiqué final, publié mercredi 27 octobre au matin, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) a fermement condamné la prise du pouvoir par les militaires le 25 octobre 2021 et la dissolution du gouvernement de Transition, et totalement rejeté le changement anticonstitutionnel de gouvernement, le qualifiant d’« inacceptable et comme un affront aux valeurs partagées et aux normes démocratiques de l’UA ». Se félicitant de la libération du Premier ministre Abdallah Hamdok, le Conseil a appelé à la libération immédiate, inconditionnelle et totale de tous les détenus, y compris les ministres et d’autres responsables civils. Conformément à l’acte constitutif de l’UA, le Conseil a décidé de « suspendre, avec effet immédiat, la participation de la République du Soudan à toutes les activités de l’UA jusqu’au rétablissement effectif de l’autorité de Transition, dirigée par des civils ».
Lors de sa seconde allocution, Abdel Fattah al-Burhan avait tenté de rassurer la communauté internationale en assurant que le chef du gouvernement qu’il a lui-même dissous, était chez lui, au quartier général de l’armée. Burhan avait l’air d’en plaisanter, laissant croire que les relations entre les deux hommes étaient au beau fixe. Le général a affirmé que le Premier ministre était en danger, c’est pour cela qu’il avait été détenu. Mais face aux appels incessants venus de nombreuses capitales du monde entier, l’homme qui a orchestré le coup de force au Soudan, a fini par céder. Le coup de force en vigueur est la résultante de tensions entre civils et militaires qui se partagent le pouvoir depuis 2019 depuis la chute d’Al-Bachir.
La direction du conseil de souveraineté devait être transmise à une personnalité civile et les militaires avaient jusque-là affirmé leur volonté de respecter le processus de transition, mais la date exacte de cette passation des pouvoirs n’était pas encore précisément connue. De plus, les autorités de transition peinaient à s’entendre sur le fait de remettre Al-Bachir à la Cour pénale internationale. Le 16 octobre, des partisans de l’armée ont planté leurs tentes devant le palais présidentiel, où siègent les autorités de transition. En réponse, le 21 octobre, les partisans du pouvoir civil sont descendus par dizaines de milliers dans les rues du pays pour « sauver » leur « révolution ».