Des 34 ministres nommés jeudi 19 mars 2020 par le président Salva Kiir, figure l‘épouse du vice-président Riek Machar son ancien rival. Angelina Teny dirigera le stratégique ministère de la Défense.
La très attendue équipe gouvernementale, censée mettre fin à plus de six ans de conflit au Soudan du Sud est désormais disponible. Le président Salva Kiir a publié jeudi la liste de ses compatriotes qui l’aideront à exécuter sa politique. Et ils seront 34 à travailler avec le président Kiir et le vice-président Riek Machar. Parmi eux, la femme de ce dernier, Angelina Teny nommée à la tête du département de la Défense.
Elle devient ainsi la première femme à occuper ce poste dans le pays. Âgée de 67 ans, Angelina Teny, mère de quatre enfants est diplômée d’universités britanniques. Avant l’indépendance de son pays, elle avait occupé le poste de ministre d‘État chargée de l‘Énergie et des Mines dans le gouvernement d’union nationale basé à Khartoum.
Une nomination pour mettre fin à un duel politique
En 2013, elle va en rébellion avec son époux. Deux ans plus tard, Angelina Teny est nommée présidente du comité défense et sécurité au sein de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA-IO), rébellion fondée et dirigée par son époux après avoir quitté la vice-présidence. La nomination de cette équipe intervient quelque trois semaines après que Riek Machar, ancien chef rebelle, a prêté serment en tant que numéro 2 du Soudan du Sud, conformément à l’accord de paix de septembre 2018 censé sonner le glas de la guerre civile au Soudan du Sud.
Une guerre qui s’est déclenchée en 2013, donc deux ans après l’indépendance vis-à-vis du Soudan voisin. L‘échec de différents accords de paix aura été tel que le conflit n’a fait que s’aggraver ces cinq dernières années. D’après des études, le conflit a déjà fait près de 400 000 morts et poussé plus de quatre millions de déplacés internes et/ou externes.
Avec une femme à la défense, l’Afrique fait un pas de plus
Dans le continent, s’il y a encore peu ou pas de femmes cheffes d‘état-major générales des armées, petit à petit, des États confient le ministère de la Défense aux femmes. Quelques exemples. L’image dont tout le continent parle ces derniers temps, est celui d’Angelina Teny. L‘épouse de l’actuel numéro 2, ancien rebelle et ex-vice président du Soudan du Sud, est devenue depuis jeudi, la première femme de ce nouvel État africain (indépendance en 2011) à occuper le poste de ministre de la Défense.
À côté du Soudan du Sud, le Kenya est ces derniers temps dans une logique de féminisation de ce que les Français appelaient jadis « Ministère de la guerre ». Âgée de 57 ans, Monica Juma occupe le ministère kényan de la Défense depuis janvier 2020 en replacement de sa compatriote Raychelle Omamo Kenya (57 ans) qui, elle, a dirigé le département de mai 2013 à janvier dernier. Elle a succédé à sa compatriote Lindiwe Sisulu, l’actuelle ministre de l’habitat de l’eau et de l’assainissement qui a géré la Défense de 2009 à 2012.
Et qui dit que les jeunes femmes ne peuvent pas diriger le ministère de la Défense ? Pas l‘Éthiopienne Aisha Mohammed (41 ans, en poste depuis 2018) qui est selon toute vraisemblance la plus jeune femme ministre de la Défense de l’histoire du continent.
Mais, si des États comme le Ghana ont déjà élevé une femme au poste de cheffe d‘état-major particulier du président de la République, quel pays africain sera le premier à nommer une femme cheffe d‘état-major générale des armées, comme la Slovénie avait nommé en 2018 le général Alenka Ermenc ? C’est vraisemblablement la grande question que se posent des femmes africaines qui veulent étancher leur irrépressible soif de féminisation des hautes fonctions militaires dans leurs pays.