Le sommet des chefs d’Etats du G5 Sahel, dont la mission est d’éradiquer le terrorisme dans cette partie de l’Afrique, s’est ouvert le 15 février au Tchad. Le conclave est élargi à plusieurs partenaires comme l’Union européenne et les pays arabes. En marge des travaux de Ndjamena, Idriss Déby Itno, le président tchadien a annoncé l’envoi de 1 200 soldats dans la zone dite des « trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, pour lutter contre les djihadistes. Un an après le sommet de Pau, les pays du G5 Sahel ont réussi « à obtenir de véritables résultats dans la zone des trois frontières », a salué Emmanuel Macron, le président français, lors d’une intervention depuis Paris.
Emmanuel Macron s’est surtout félicité de plusieurs victoires contre le principal groupe visé, l’organisation Etat islamique au grand Sahara, qui « a perdu son emprise et subit de nombreuses pertes ». Mais les organisations affiliées à Al-Qaïda, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et la katiba Macina, « dont la plus haute hiérarchie continue à nourrir un agenda djihadiste », constituent toujours une menace au Sahel, a souligné Emmanuel Macron en promettant « une action renforcée » pour « essayer d’aller décapiter ces organisations ». Dans cette perspective, il a indiqué qu’il n’y aurait pas de baisse « dans l’immédiat » des effectifs militaires français au Sahel, c’est-à-dire de l’opération anti djihadiste française Barkhane, qui compte actuellement quelque 5 100 hommes. Sur ce point, Emmanuel Macron rejoint la position du président Idriss Déby Itno. « C’est une décision forte et courageuse qui viendra conforter la force du G5 Sahel », a commenté le président français.
« Je voudrais lui exprimer toute notre reconnaissance pour les efforts et sacrifices que le Tchad ne cesse de consentir en faveur de la paix et de la sécurité dans la région. Je citerai en particulier sa décision de déployer un deuxième bataillon au profit de la force conjointe du G5 Sahel », a témoigné Mohamed Ould El-Ghazaouani, le président mauritanien, qui présidait jusque-là le G5 Sahel, au moment de passer le témoin à son homologue tchadien. En plus des présences physiques des chefs d’Etat du Mali, du Burkina Faso, de Mauritanie et du Niger, le sommet de Ndjamena a connu les participations du président en exercice de la Cédéao, le Ghanéen Nana Akufo Ado, et du vice-président du gouvernement de transition du Soudan. Les raisons de cette ouverture résident dans le fait que le terrorisme a débordé le bassin sahélien obligeant une mobilisation des voisins de l’est et de l’ouest.
Au-delà des efforts du Tchad, il faut une mobilisation pour une montée en puissance des troupes. Le président de la commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat s’est engagé à travailler pour la poursuite d’un plaidoyer en faveur d’une « mobilisation des ressources et la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel en coordination avec le secrétariat exécutif ». L’Alliance Sahel qui regroupe vingt-cinq contributeurs aux projets de développement au Sahel a annoncé des ressources additionnelles. « On est arrivé à mobiliser 3 milliards d’euros de ressources supplémentaires. Une partie à peu près, 40%, de ces 3 milliards sont déjà en cours d’exécution, le reste doit être programmé mais c’est aussi un symbole clair de la priorité que la communauté internationale donne à ses partenaires au Sahel », a déclaré Arancha Gonzales Laya, ministre espagnole des Affaires étrangères, présidente de l’Alliance.