Félix Tshisekedi Tshilombo, le président en exercice de l’Union africaine (UA), « a appris avec consternation l’arrestation au Mali du président de la transition, Bah Ndaw, et de son premier ministre, Moctar Ouane, par des militaires », relate un communiqué de presse de la présidence congolaise rendu public le 25 mai. Le président en exercice de l’UA « exige la libération immédiate et inconditionnelle des personnalités arrêtées » et « condamne fermement toute action visant à déstabiliser le Mali ». Il appelle également « tous les acteurs de la transition politique malienne à la retenue ainsi qu’au respect de la Constitution », selon ce communiqué.
Le président et le Premier ministre maliens ont été arrêtés le 24 mai quelques heures à peine après avoir formé un nouveau gouvernement à la suite de la démission du précédent, confronté à une contestation grandissante. Les Maliens n’ont aucun doute que ce sont les colonels auteurs du putsch du 18 août 2020 qui sont à la manœuvre, les mêmes qui avaient alors emmené sous la contrainte le président élu Ibrahima Boubacar Keïta pour le forcer à démissionner après des mois de mobilisation populaire, les mêmes aussi qui ont installé le président et le Premier ministre à leur poste. Sous la conduite discrète du colonel Assimi Goïta, nommé vice-président de transition, les militaires ont conservé la mainmise sur le pouvoir. Ils se sont engagés, sous la pression de la communauté internationale, à rendre ce pouvoir à des civils élus au bout de 18 mois, et non trois ans comme ils l’estimaient nécessaire.
La composition du gouvernement communiquée le 24 mai a semble-t-il mécontenté les colonels. Certes elle accorde à des militaires les postes clés mais elle écarte deux figures de l’ancienne junte des portefeuilles primordiaux de la Défense et de la Sécurité. La mission des Nations unies au Mali, la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao), l’UA, la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne ont condamné « fermement la tentative de coup de force ». Dans un communiqué commun, ils exigent « la libération immédiate et inconditionnelle » des dirigeants de transition auxquels ils apportent « leur ferme soutien ». Ils rejettent par avance tout fait accompli, y compris une éventuelle démission forcée des dirigeants arrêtés. Le médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, Goodluck Jonathan est attendu à Bamako le 25 mai.