Cette dissolution vise à donner une majorité stable au président élu en mars pour gouverner, alors que l’Assemblée était dominée par le camp de son prédécesseur Macky Sall. « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise. Aujourd’hui plus que jamais, l’heure est venue d’ouvrir une nouvelle temporalité à notre quinquennat », a-t-il déclaré à la télévision nationale.
Des blocages agaçants à l’Assemblée
Selon le chef de l’Etat de 44 ans, les blocages des derniers jours à l’Assemblée, avec une législature dominée par le camp de l’ex-président Macky Sall, l’ont convaincu que la majorité parlementaire avait « décidé de se détourner du peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en œuvre du projet sur la base duquel j’ai été élu ».
Chantre d’un panafricanisme de gauche et du souverainisme, le nouveau pouvoir suscite d’immenses attentes parmi la jeunesse de ce pays ouest-africain où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans. Mais les nouvelles autorités n’ont toujours pas engagé de chantier majeur, certains justifiant cette inaction par l’absence de majorité au Parlement.
Le faux suspens a pris fin, jeudi 12 septembre à 20 heures. Dans une allocution à la télévision nationale, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives anticipées.
L’annonce de cette dissolution n’est pas une surprise. Fin août, le Conseil constitutionnel avait rappelé que la dissolution de l’Assemblée nationale pourrait être légalement prononcée par le président à partir du 12 septembre, soit deux ans après le début de la quatorzième législature, le 12 septembre 2022.
Faute de majorité au Parlement, toujours dominé par les fidèles à l’ex-président, Macky Sall, Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars, avec 54 % des suffrages, ne disposait pas de tous les leviers institutionnels pour appliquer son programme de rupture. Son parti, le Pastef (les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) ne comptait que 23 députés sur 165, et une quarantaine, en totalisant ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wi.
Des législatives pour lever les équivoques
Ces dernières semaines, les divergences entre le pouvoir et l’opposition ont bloqué l’action gouvernementale. Fin juin, les députés de Benno Bokk Yakaar (BBY), la coalition qui soutenait Macky Sall, avaient ainsi boycotté le débat d’orientation budgétaire, provoquant son annulation. La semaine dernière, la proposition de supprimer le Haut Conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental, jugés « budgétivores » par les autorités, a été rejetée en bloc par les députés de l’opposition. « Le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire était une illusion, celle-ci ayant décidé d’entretenir le culte du blocage », a fustigé le président, dans son discours.
Ousmane Sonko, premier ministre et leader du Pastef, a, pour sa part, essuyé plusieurs menaces de motion de censure, dont une a été déposée par le camp de l’ancien régime. Sa déclaration de politique générale (DPG), qu’il était censé prononcer, vendredi 13 septembre, devant l’Assemblée nationale, a été automatiquement révoquée par la dissolution. Un timing qui interroge au sein de l’opposition.
Si les députés gardent leur statut jusqu’aux prochaines élections législatives, ils ne peuvent plus se réunir en session ordinaire ou en session extraordinaire.