« Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois », a déclaré Bassirou Diomaye Faye, la main droite levée, devant des centaines d’officiels sénégalais et plusieurs chefs d’État et dirigeants africains au Centre des expositions de la ville nouvelle de Diamniadio, près de Dakar.
Le nouveau président sénégalais a ensuite promis un changement systémique à la tête de son pays et plus de souveraineté. Il a aussi préconisé plus de solidarité africaine face à l’insécurité. L’ancien secrétaire général du PASTEF s’est dit conscient que sa victoire à la présidentielle du 24 mars exprime un profond désir de changement systémique. Il a aussi dit entendre clairement la voix des élites décomplexées qui disent haut et fort notre aspiration à plus de souveraineté, au développement et au bien-être.
Bassirou Diomaye Faye succède pour cinq ans à Macky Sall, 62 ans, qui a dirigé le pays de 18 millions d’habitants pendant 12 années et maintenu des relations fortes avec l’Occident et la France.
Plusieurs chefs d’État, dont le Nigérian Bola Ahmed Tinubu, président en exercice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le Gambien Adama Barrow, le Guinéen Mamadi Doumbouya et le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo étaient annoncés et sont venus à Dakar pour son investiture. Le vice-président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, le Premier ministre rwandais Edouard Ngirente et le président de l’organe tenant lieu de Parlement au Mali, Malick Diaw, étaient présents, tout comme le chef de la junte militaire au povoir en Guinée, Mamady Doumbouya.
Ses défis
La promesse de la rupture, l’onction d’Ousmane Sonko et l’apparente humilité de cette personnalité issue d’un milieu modeste et éduqué l’ont conduit à une victoire éclatante au premier tour de la présidentielle avec 54,28 % des voix, 10 jours seulement après sa libération de prison. Saluée par Paris, Washington et l’Union africaine, son élection, célébrée par des foules en liesse, a été précédée par trois années de tensions et de troubles qui ont fait des dizaines de morts. Le Sénégal, connu comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, avait traversé une nouvelle crise en février quand le président Macky Sall avait décrété l’ajournement de la présidentielle, creusant la défiance entre une partie de la population et ses dirigeants.
Ce haut fonctionnaire de l’administration des impôts, qui a gravi discrètement les échelons dans l’ombre d’Ousmane Sonko, a mentionné ses chantiers prioritaires après sa victoire : baisse du coût de la vie, lutte contre la corruption et réconciliation nationale. Le nouveau président ne disposant pas de majorité à l’Assemblée, devrait être contraint à former des alliances pour faire adopter des lois avant une éventuelle dissolution.
Il est particulièrement attendu sur le front de l’emploi, dans un pays où 75 % de la population a moins de 35 ans et où le taux de chômage est officiellement de 20 %, poussant des jeunes, de plus en plus nombreux, à fuir la pauvreté et à entreprendre un périlleux périple vers l’Europe.
Un Gouvernement aux couleurs PASTEF
Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a nommé vendredi un gouvernement de 25 ministres, largement composé de visages nouveaux pour le grand public et novices au niveau ministériel. Selon le Premier ministre Ousmane Sonko nommé le 2 Avril en fin de soirée, cette équipe incarne « la transformation systémique plébiscitée par le peuple sénégalais.
Annoncé à la presse au palais présidentiel, ce cabinet comporte 25 ministres, dont quatre femmes, aux Affaires étrangères, aux Pêches, à la Famille et à la Jeunesse et la Culture. Il inclut aussi cinq secrétaires d’État, tous des hommes.
Birame Souleye Diop hérite du portefeuille de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, stratégique dans un pays qui devrait commencer à produire du pétrole et du gaz en 2024. Autres figures du Pastef, Malick Nidiaye est nommé aux Infrastructures et aux Transports terrestres et aériens, et Moussa Balla Fofana à l’Aménagement du territoire et à l’Urbanisme. Une grande majorité va découvrir les fonctions ministérielles.
Le nouveau ministre de la Justice, Ousmane Diagne, est un ancien procureur général à la Cour d’appel de Dakar. Sa nomination à la Cour suprême en 2023 avait été présentée comme une sanction par la presse parce qu’il aurait donné suite à une plainte d’Ousmane Sonko dans l’une des différentes affaires judiciaires dans lesquelles ce dernier a été mis en cause et dont l’une a conduit à l’invalidation de sa candidature à la présidentielle 2024.
Ousmane Sonko a énoncé vendredi comme priorités de son gouvernement, la jeunesse et l’emploi des jeunes et des femmes, la lutte contre la cherté de la vie, la justice et la protection des droits humains ainsi que la reddition des comptes, la souveraineté économique et le développement, la consolidation de l’unité nationale et le renforcement de la sécurité.