Le Président de la République, lors du Conseil des ministres tenu mercredi, a démis de ses fonctions le Premier ministre Amadou BA, entraînant la dissolution de l’ensemble du gouvernement sénégalais. Dans la foulée de ces changements majeurs, Maître Sidiki Kaba, précédemment ministre de l’Intérieur, a été nommé pour prendre la tête du gouvernement en tant que nouveau Premier ministre.
Ces événements interviennent dans un contexte particulièrement tendu, à l’approche de la fin du mandat présidentiel de Macky Sall, prévue pour le 2 avril 2024. Le Conseil constitutionnel a confirmé la fin imminente de ce mandat, rappelant au Président Sall l’obligation constitutionnelle de ne pas prolonger son mandat au-delà de cette date, ce qui inclut la tenue de l’élection présidentielle avant l’échéance du mandat en cours.
Il y a d’abord une décision du Conseil constitutionnel qui rejette la proposition de reporter la présidentielle au 2 juin. Saisis par le président Macky Sall pour avis, les Sages ont rappelé que le mandat du chef de l’État prenait fin le 2 avril 2024, et qu’il ne lui était donc pas possible d’organiser un scrutin après cette date-butoir. Rejet aussi de la possibilité que le président sortant assure l’intérim si un nouveau chef de l’État ne devait pas encore avoir été élu à la date du 2 avril.
Enfin, la liste des 19 candidats à la présidentielle reste la même ; exit la possibilité du réexamen de la candidature de Karim Wade, comme le demandait le PDS qui a été exclu de la course, ou encore Ousmane Sonko. Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours, a-t-il été précisé, estimant que toucher à la liste des candidats n’est pas constitutionnel. Bassirou Diomaye Faye reste donc par exemple le candidat de l’ex parti Pastef d’Ousmane Sonko.
Présidentielle le 24 ou le 31 mars ?
Après la décision des Sages de retoquer la proposition de report de la présidentielle au 2 juin, le président Macky Sall dit avoir pris note et rend publique la nouvelle date de la présidentielle : ce sera le dimanche 24 mars, dans un peu plus de trois semaines. Sidiki Kaba, ministre de l’Intérieur, qui remplace à la Primature Amadou Ba, qui est aussi le candidat à la présidentielle de la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar, officiellement pour le libérer pour mener campagne.
Mais quelques minutes plus tard, nouveau rebondissement : le même Conseil constitutionnel, dans une autre décision sollicitée par plusieurs candidats à la présidentielle, fixe le scrutin au 31 mars 2024. Cette date fixée pour pallier l’inertie des autorités compétentes. Sauf qu’entre-temps, le président Macky Sall a tranché. Et la présidence assure que c’est la date choisie par le président qui est la bonne.
La question de la bonne date n’est pas totalement tranchée pour l’heure, mais le Conseil pourrait s’aligner sur la présidence, selon plusieurs sources. En parti, car le 31 mars marque le dimanche de Pâques. « On ne peut pas organiser une élection le jour d’une célébration religieuse », disait un membre de la présidence.
En cas de deuxième tour, Macky Sall resterait en tout cas président par intérim le temps de terminer cette présidentielle et de passer la main à son successeur, a affirmé le Conseil mercredi. Autre question, celle de la durée de la campagne électorale. Le président de la République doit en annoncer le début. La loi électorale prévoit normalement 21 jours de campagne avant le premier tour. Délai impossible à respecter en cas de présidentielle le 24 mars, dans 17 jours. Comment contourner cet obstacle ? Certains observateurs affirment qu’il est possible de raccourcir ces délais si tous les candidats sont d’accord. La situation demeure très incertaine, et les heures à venir seront cruciales pour définir le cap que prendra le Sénégal à l’approche de cette période charnière de son histoire politique.