Treize hauts fonctionnaires équatoguinéens ont été placés jeudi 16 juillet 2020 en détention préventive pour leur participation à un trafic de timbres fiscaux estimé à plusieurs millions d’euros, a annoncé la télévision d’État.
Les treize fonctionnaires travaillaient tous au Trésor public de la Guinée équatoriale. Ils avaient été arrêtés la semaine dernière, placés en garde à vue, puis ont été mis en examen jeudi par la justice équatoguinéenne pour « vol et appropriation illicite », a rapporté la télévision d’Etat. Ce délit est passible de 6 à 10 ans d’emprisonnement. Dans la foulée, les treize fonctionnaires ont été placés en détention préventive et transférés à la prison centrale de Malabo.
Cette semaine, plusieurs perquisitions au domicile de ces fonctionnaires ont permis de mettre la main sur des timbres fiscaux pour un montant de 303 millions de francs CFA (462.000 euros). Depuis 2015, la vente de ces timbres volés au Trésor public par ces agents a généré des “milliards de francs CFA” a expliqué à la télévision d’Etat, le chef des enquêteurs, le colonel de gendarmerie Antonio Okomo.
Les timbres volés par les fonctionnaires étaient ensuite revendus à un réseau clandestin. La vente de ces timbres a permis aux accusés de “construire des résidences” ou encore “des écoles privées”, a précisé l’enquêteur.
La Guinée équatoriale, dirigée depuis quarante ans par le président Teodoro Obiang Nguema, est l’un des pays les plus riches du continent africain, grâce à son pétrole, mais une grande partie de sa population vit encore dans la pauvreté. Les ONG dénoncent régulièrement le manque de redistribution des richesses et une corruption endémique. En 2002, la police avait déjà épinglé le trésor public. Des cambrioleurs, bénéficiant de complicité avec des agents de cette administration, avaient réussi à y dérober plusieurs millions d’euros.
Un phénomène qui est récurrent dans de nombreux pays
Dans un communiqué rendu public en septembre 2019, le ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motazé, alertait déjà les populations contre la circulation de faux timbres fiscaux. Le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, « rappelait au public qu’en application de la législation fiscale en vigueur, les timbres fiscaux sont exclusivement vendus dans les recettes des Impôts, les régies des recettes du timbre, les trésoreries générales, les recettes des Finances et les perceptions », pouvait-on lire dans le communiqué.
De plus le Ministre invitait de ce fait « le public à être vigilant et à se présenter directement dans les points de vente sus-indiqués et d’éviter de confier les actes et documents à timbrer à des intermédiaires ».
Ceci, afin d’éviter les timbres « sujets à caution » pour lesquels les services compétents de la direction générale des Impôts restent disponibles pour toute réquisition aux fins d’authentification. Enfin, Louis Paul Motazé précisait que « conformément à la réglementation en vigueur, les documents revêtus de faux timbres fiscaux seront systématiquement rejetés sans préjudice de poursuites pénales à l’encontre de leurs détenteurs ».
Notons que, comme en 2017, la sortie du ministre des finances intervenait dans un contexte de recrudescence des plaintes des candidats aux divers concours administratifs, qui voient leurs dossiers rejetés au moment du dépôt de ceux-ci, du fait de faux timbres fiscaux figurant sur différentes pièces de leurs dossiers de recrutement. Certains vendeurs de timbres improvisés et autres démarcheurs postés aux alentours des services publics, apposent sur les dossiers des candidats de fausses estampilles affichant sur leurs faces supérieures le montant « 0000 FCFA », au lieu de « 1000 FCFA ». Soyons donc vigilant pour ne pas tomber dans le piège de ces arnaqueurs. Comme on le dit si bien, « prudence n’est pas lâcheté. »