Cette annonce met ainsi fin à six ans de vacance à ce poste et marque le réchauffement des relations entre les deux pays. Cette nomination intervient dans un contexte de normalisation des relations franco-rwandaises après 27 ans de « distance amère ». Le 27 mai, Emmanuel Macron a affirmé son souhait de réinstaller un ambassadeur de France dans le pays. Dix jours après avoir reçu son homologue à Paris, le président français, en visite à Kigali, a tenu un discours hautement symbolique au cours duquel il a reconnu la « responsabilité accablante » de la France dans le génocide au Rwanda en 1994, dont le bilan annonce au moins 800 000 morts.
Plus d’un quart de siècle après la tragédie, la nomination d’un nouvel ambassadeur de France a d’emblée une importance symbolique : il n’y en avait plus depuis 2015. Lorsqu’une énième crise avait conduit à rappeler le dernier titulaire du poste, occupé ensuite par un simple chargé d’affaires. En cause à l’époque, encore et toujours, les crispations mémorielles qui hantent les relations franco-rwandaises depuis 1994, sur le rôle joué par Paris aux côtés des responsables d’une solution finale, qui fera près d’un million de morts en trois mois. En près de trente ans, les clashs et coups d’éclat n’ont pas manqué. Entre 2006 et 2009, les relations diplomatiques se rompent.
Le prédécesseur d’Antoine Anfré, Michel Flesch, avait quitté le Rwanda en 2015. Depuis 2019, l’ambassade de France à Kigali était placée sous la responsabilité du chargé d’affaires, Jérémie Blin. Diplômé de Sciences-Po et de l’ENA, Antoine Anfré a notamment occupé les postes de sous-préfet de Limoux, dans l’Aude entre 2000 et 2003, puis de premier conseiller d’ambassade à Nairobi et Ankara de 2006 à 2009. Il a également été conseiller d’ambassade à Londres de 2011 à 2014. Ancien ambassadeur au Niger de 2014 à 2015, le diplomate est cité à plusieurs reprises dans le rapport d’une commission d’historiens français dirigée par Vincent Duclert remis en mars à Emmanuel Macron et qui a conclu aux « responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda.
Alors « rédacteur Rwanda » à la direction des Affaires africaines et malgaches (DAM) du ministère des Affaires étrangères, il avait mis en garde, dès 1991, contre les risques de dérives violentes au Rwanda et préconisé « un nécessaire changement » de la politique de la France dans la région, selon le rapport Duclert qui affirme que ses notes lui ont valu d’être mis à l’écart de la DAM.