Moins d’impôts, moins d’Etat, plus de libre-échange : à 47 ans, Liz Truss qui était depuis un an la cheffe de la diplomatie du Royaume-Uni, s’est imposée avec un message clair et séduisant pour la base du Parti conservateur, raflant 57% des quelque 142 000 membres votants contre 43% à son rival l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak, dans la course à la succession de Boris Johnson. Pour ses détracteurs, sa campagne a semblé déconnectée de la dramatique crise du coût de la vie qui frappe les Britanniques et son parcours montre un manque de convictions profondes. Mais son discours sans détour et son expérience politique acquise à de multiples postes ministériels lui ont permis de s’imposer face à Rishi Sunak, jugé trop technocrate. Présentée comme quasi extérieure à l’establishment, bien qu’elle soit au gouvernement depuis 2012, la nouvelle Première ministre partage ce paradoxe avec Boris Johnson.
Ce mardi 6 septembre 2022, c’est non pas au Palais de Buckingham à Londres, comme le voudrait la tradition, mais en Écosse, que se rendra tout d’abord Boris Johnson pour présenter officiellement sa démission à la reine Elizabeth II. La monarque britannique de 96 ans, en raison d’une santé affaiblie, a en effet convenu de rester un peu plus longtemps dans sa résidence écossaise de Balmoral, où elle passe habituellement la fin de l’été. Ensuite, Liz Truss se présentera devant la reine, laquelle demandera formellement à la nouvelle leader des conservateurs de former un gouvernement. Il s’agira du premier contact formel entre la reine, chef d’État, et son 15e premier ministre en 70 ans de règne. La nouvelle première ministre fera à nouveau le voyage de 800 km pour Londres, où elle devra prononcer un discours très attendu à Downing Street, dans l’après-midi, et annoncera dans la foulée les membres de son cabinet.
Troisième femme à entrer à Downing Street après Margaret Thatcher (1979-1990) et Theresa May (2016-2019), l’annonce de son gouvernement sera un premier test pour Mary Elizabeth Truss. Née à Oxford en 1975, elle a décrit son père, professeur de mathématiques, et sa mère, infirmière, comme étant « de gauche ». « Je suis honorée d’être élue cheffe du Parti conservateur. Merci de me faire confiance pour diriger et livrer pour notre grand pays. Je prendrai des mesures audacieuses pour nous permettre à tous de traverser ces moments difficiles, de développer notre économie et de libérer le potentiel du Royaume-Uni » a posté sur son compte Twitter la nouvelle Première ministre britannique peu après l’annonce de sa victoire.