« Je vous annonce que le retour du président Laurent Gbagbo sur la terre de Côte d’Ivoire est prévu pour le 17 juin », a déclaré, le 31 mai, Assoa Adou, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), le parti créé par l’ancien président. Depuis son acquittement le 31 mars de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI), ce retour de l’ancien président ivoirien était attendu avec impatience par ses partisans. Assoa Adou a fait cette annonce lors d’une cérémonie tenue le jour des 76 ans de Laurent Gbagbo, né le 31 mai 1945. Retour discret ou populaire et triomphal ? Partisans de Laurent Gbagbo et responsables du gouvernement sont loin de s’accorder.
C’est la dernière question à trancher à présent. « Nous appelons tous les Ivoiriens à ne pas verser dans le triomphalisme exubérant, qu’on soit RHDP, PDCI ou FPI. On ne cherche ni vainqueur, ni vaincu dans la réconciliation. Parce que la réconciliation est profitable à l’ensemble de nos populations », a déclaré Adama Bictogo, directeur exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), au sortir d’un échange avec le ministre de la Réconciliation nationale, peu avant l’annonce de la date du retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. « Nous avons discuté des conditionnalités sur un certain nombre de conditions qui étaient liées à des questions d’ordre technique et je crois que ces questions ont quasiment été réglées par le gouvernement. Pour l’accueil, vous convenez avec nous qu’un tel événement que le monde entier attend ne peut pas se faire du tout en cachette ou de façon réduite. Nous n’allons pas discuter et je ne vois pas comment cela pourrait se faire en dehors du cadre normal d’une manifestation populaire », a répliqué Justin Koné Katinan, le porte-parole de Laurent Gbagbo, au micro de RFI. Cet avis est largement partagé par les militants du FPI.
Dès le début du mois d’avril, le président Ouattara avait déclaré que les frais de transport de Laurent Gbagbo et sa famille seraient pris en charge par l’Etat de Côte d’Ivoire. « La maison où logera l’ancien président à Abidjan a été identifiée », a indiqué Kouadio Konan Bertin, le ministre de Réconciliation nationale. « Les comptes bancaires de Laurent Gbagbo, gelés depuis 10 ans sont débloqués ou en voie de l’être », a-t-il poursuivi. Pour le reste, collaborateurs, sécurité personnelle, émoluments, l’ancien président ivoirien bénéficiera de ce qui est prévu par la loi. Reste alors la question de la condamnation à 20 ans de prison de Laurent Gbagbo, jugé par contumace, par la justice ivoirienne dans l’affaire dite du « casse de la BECEAO ». « Il s’agit d’une condamnation politique qui se règlera de façon politique », a tranché Justin Koné Katinan.