Les forces armées centrafricaines et leurs alliés, Minusca, Russes et Rwandais, ont entamé une contre-offensive pour repousser la pression des forces rebelles autour de Bangui. Pour ce faire, des véhicules ont été réquisitionnés dans la capitale, parfois même ceux appartenant à des entreprises ou des particuliers. Au cours de cette opération, la ville de Boda a été reprise. Tous les efforts se concentrent pour libérer l’axe qui mène au Cameroun, afin de contrer la tentative des rebelles d’asphyxier Bangui. « Cette contre-offensive a pour but de stopper ou d’annihiler les bases arrières pour déstructurer ces groupes armés », explique Ange Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement centrafricain.
En plus de compliquer le ravitaillement des forces armées centrafricaines et leurs alliés, le blocage de l’axe Douala-Bangui prive l’Etat centrafricain des recettes liées aux taxes douanières. « Une stratégie d’usure », note un observateur : « maintenir la pression et l’insécurité pour pousser Bangui à négocier ». La stratégie des rebelles reste curieuse. Ils n’ont par exemple opposé presqu’aucune résistance avant de libérer Boda ou Bossembélé. Mais il s’agit de « replis stratégique » estime une source militaire. « Plutôt que de s’épuiser au combat, ils partent en brousse, puis se déplacent par petits groupes, pour disperser et affaiblir leurs adversaires » estime cette source.
Alors que la situation semble s’enliser sur le terrain, le 29 janvier à Luanda, en Angola, la question centrafricaine était au menu du sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). « Les chefs d’Etat et de gouvernement appellent les forces rebelles à un cessez-le-feu unilatéral et immédiat, de libérer les périphéries de Bangui et de regagner leurs positions initiales », a souligné le communiqué final du sommet. Les participants à ce sommet ont également demandé aux groupes rebelles centrafricains de se retirer du corridor Douala – Bangui pour permettre la libre circulation des personnes et des biens. « Nous sommes ouverts à un dialogue, mais tant que nos positions seront attaquées nous continuerons nos opérations », a rétorqué Aboubakar Sidick Ali, l’un des porte-parole de la rébellion. « Un cessez-le-feu n’est jamais unilatéral », a-t-il conclu.
Sous le coup d’un embargo sur les armes lourdes, la Centrafrique a récemment plaidé en faveur d’une levée de cette mesure pour lutter contre les groupes armés. A Luanda, les chefs d’Etat africains présents ont déclaré qu’ils soutiendraient la demande de la Centrafrique auprès du conseil de sécurité de l’ONU. Dans sa lettre du 5 janvier, adressée à cette instance, Bangui réclame notamment un renforcement des capacités de la Minusca avec des « hélicoptères de combat ». Les autorités centrafricaines soulignent aussi « la nécessité urgente d’accorder aux partenaires et pays amis de la Centrafrique (…) une levée, même temporaire, de l’embargo » sur les armes, une demande ancienne qui a suscité jusqu’à présent des réticences pour plusieurs membres du conseil de sécurité.