Le rapport publié par Freedom House détaille 608 cas de « répression transnationale » menée par 31 pays depuis 2014. Selon l’organisation non gouvernementale (ONG), ces pays harcèlent méthodiquement leurs opposants à l’étranger et dénonce l’impunité croissante dont ils bénéficient. Freedom House assure que les moyens utilisés par le Rwanda pour museler la diaspora rwandaise et viser les ressortissants considérés comme terroristes à l’étranger « sont exceptionnellement importants pour un pays d’environ 13 millions d’habitants où presque un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté ». Ce n’est pas la première fois que le régime de Paul Kagame est visé par une ONG de défense des droits de l’homme.
A la veille de la présidentielle du 4 août 2017, Muthoni Wanyeki, la directrice du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International, a produit un rapport à charge contre le Rwanda. Elle expliquait les restrictions des droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique auxquelles sont confrontés les personnalités politiques, les journalistes et les défenseurs des droits humains depuis le génocide. Ceux-ci sont emprisonnés, agressés physiquement, contraints à l’exil ou réduits au silence, parfois même tués. « Depuis que le Front patriotique rwandais (FPR) est arrivé au pouvoir, il y a 23 ans, il est difficile pour les Rwandais de participer à la vie publique et de critiquer ouvertement les politiques gouvernementales ; certains le paient même de leur vie », avait-elle déclaré.
Les 31 pays listés utilisent toutes les ressources de la loi internationale, des pressions bilatérales, de la surveillance des réseaux sociaux, du harcèlement ou de l’intimidation physique pour s’en prendre aux dissidents et aux militants exilés, détaille le rapport de Freedom House, une organisation financée par le gouvernement américain et spécialisée dans la défense des droits de l’homme. Une dizaine de pays, dont la Chine, la Russie et la Turquie, ont même instrumentalisé Interpol, l’organisation internationale de police criminelle. « En introduisant dans le système des notices infondées, les régimes peuvent obtenir l’arrestation ou l’expulsion d’exilés parfois même lorsqu’ils sont déjà reconnus comme des réfugiés », explique le rapport. « Dans chaque cas, les autorités du pays d’origine s’en sont pris physiquement à des individus vivant à l’étranger, par le biais d’une arrestation, d’une agression ou d’intimidation physique, de déportation ou extradition illégale et d’assassinat suspecté », assure-t-il.
Citée comme le pire pays en la matière, la Chine déploie méthodiquement tous les moyens à sa disposition contre les militants à l’étranger et les dissidents : la minorité Han, Ouighours, Tibétains ou adeptes du mouvement Falungong. La Turquie vient en deuxième position, en particulier depuis le coup d’Etat manqué de 2016 avec une campagne qui « se distingue par son intensité, son étendue géographique et la rapidité avec laquelle elle s’est développée », selon le rapport. Parmi les autres pays épinglés figurent l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Thaïlande.