Le chef de l’Etat Félix Tshisekedi a plaidé en faveur d’un changement des mentalités en République démocratique du Congo, dans un message diffusé dimanche 1er Septembre 2019, en pleine affaire dite des 15 millions de dollars prétendument détournés des caisses de l’Etat.
Dimanche également, sur cette affaire, l’Inspection générale des Finances (IGF) a invité des journalistes pour une conférence de presse finalement annulée, « pour des questions de coordination avec la hiérarchie », selon un responsable sur place sans autre précision. L’IGF, qui dépend directement du président de la République d’après des inspecteurs des finances, a remis au parquet un rapport sur cette affaire des 15 millions impliquant l’influent directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe.
Le message du président a été diffusé au journal du soir sur la chaîne publique d’Etat RTNC, sous la forme d’une sorte de clip, avec musique et images de fond. Tantôt à l’image tantôt en voix off, le président Félix Tshisekedi a notamment déclaré: « A ceux qui sont responsables de la gestion des affaires publiques, le premier signe visible du changement sera celui de votre comportement, de votre compétence dans la gestion de la mission qui vous est confiée par le peuple congolais ».
Le président a plaidé pour un Congo des changements des mentalités, dans ce message diffusé deux jours après l’investiture par l’Assemblée du gouvernement du Premier ministre Sylvestre Ilunga. Cette communication n’a aucun lien avec l’affaire des 15 millions, assure une porte-parole du président.
Le fond de cette affaire est assez technique: l’Etat devait récupérer une décote de 15% sur une somme de 100 millions de dollars versées aux compagnies pétrolières pour compenser leur manque à gagner. Cette décote n’a pas bénéficié à l’Etat, observe l’IGF dans un rapport daté du 17 juillet, que la presse s’est procurée. La décote de 15 millions a été versée sur un autre compte, une irrégularité qui viole les dispositions légales et règlementaires régissant les finances publiques, selon le rapport.
Dans ses conclusions, le rapport attribue la responsabilité de cette « irrégularité » à plusieurs officiels, dont le directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe. Le 31 juillet, l’inspecteur général-chef de service Victor Batubenga, a transmis ce rapport au procureur général près la cour de Cassation.