Au lendemain de l’entretien du 21 avril, entre les deux hommes, qui a duré près de quatre heures à la résidence présidentielle de la N’sele, le président Tshisekedi a pris d’importantes ordonnances pour nommer, de nouveaux hommes dans son appareil sécuritaire, et associer les confessions religieuses dans le Comité de gestion du Fonds national de solidarité contre le COVID-19.
Le 22 avril, en direct de la télévision nationale, le porte-parole du chef de l’État, Kasongo Mwema, a rendu publiques trois ordonnances portant respectivement, élévation d’un général-major et de deux généraux de brigade au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), nomination au sein du commandement de la garde républicaine et, enfin, nomination des membres du Comité de gestion du Fonds national de solidarité contre le COVID-19 (FNSCC), dont la principale mission consiste à rechercher et collecter des moyens financiers destinés à servir sous forme d’aide, assistance ou soutien aux personnes physiques ou morales, personnels médicaux soignants, services médicaux ou hospitaliers.
Un appareil sécuritaire restructuré
Pour plus d’un observateur, le président Félix Tshisekedi a franchi une étape supplémentaire dans le bras de fer qui se joue dans les couloirs du pouvoir, à Kinshasa, pour le contrôle de l’appareil sécuritaire. Selon certains proches du président, il s’en est tout simplement approprié. A la faveur des textes du 22 avril dernier, le général-major Chiwewe Songe Christian est nommé commandant de la garde républicaine, l’unité d’élite de l’armée chargée de la sécurité du président et composée de 12 000 hommes. Pour sa part, Kabi Kiriza Ephraime est nommé chef d’état major de la garde républicaine. Le général de brigade Chico Tshitambwe Jérôme est en charge des opérations et de renseignements tandis que le général de brigade Banza Milambwe est nommé commandant adjoint chargé de l’administration et de la logistique.
Le général-major Christian Songe, originaire de la région du Kasaï, n’est pas un inconnu des forces de la garde présidentielle. Le président Félix Tshisekedi l’aurait remarqué lorsqu’à la tête de la légion d’honneur, il dirigeait les aspects militaires des funérailles de son père, Etienne Tshisekedi, l’année dernière. Il remplace le général Ilunga Kampete.
Le général Ilunga Kampete est très proche de l’ancien président Joseph Kabila, qu’il connaît depuis plus de vingt ans. Ensemble, ils ont vécu l’épreuve du feu à Pweto, en 2000, alors que Laurent-Désiré Kabila était encore au pouvoir et que son fils était un jeune général-major. Avec cette décision, Félix Tshisekedi tient surtout à redorer le blason des forces armées congolaises.
Ilunga Kampete visé par des sanctions internationales
Les sanctions de l’Union européenne (UE), qui comportent des interdictions de voyager à l’étranger et un gel des avoirs financiers, visent notamment quatre individus, dont Ilunga Kampete, qui selon l’UE ont « contribué en les planifiant, dirigeant ou commettant, à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme en RDC ».
En réprimant violemment une marche pacifique de l’opposition qui demandait la convocation des élections dans les délais constitutionnels, sur ordre du général Kampete, des éléments de la garde républicaine (Bana Mira), ont attaqué les sièges des partis politiques dans la nuit du 19 au 20 septembre 2016, faisant 32 morts de source officielle, et plus 100 morts selon les responsables de l’opposition.
En février dernier, l’ancien Envoyé spécial américain dans la région des Grands Lacs, Peter Pham, avait notamment fait savoir que l’armée américaine ne pouvait pas prendre part aux opérations de maintien de paix dans la région de Beni aux côtés des FARDC, « parce qu’il y a des généraux congolais sous sanctions des Etats-Unis et de l’UE ».
La mission du FNSCC
Créé le 6 avril dernier, le Fonds national de solidarité contre le COVID-19, a comme principale mission de rechercher et collecter des moyens financiers destinés à servir sous forme d’aide, assistance ou soutien aux personnes physiques ou morales personnels médicaux soignants, services médicaux ou hospitaliers. Il vise également à appuyer les entreprises et autres structures exerçant une activité économique qui seraient particulièrement touchées par les conséquences économiques, financières et sociales de la propagation du COVID-19 et des mesures prises pour en limiter la propagation.
Le Cardinal Fridolin Ambongo a été nommé coordonnateur du Comité de Gestion du FNSCC. Il sera immédiatement secondé par le Révérend Docteur André Bokundoa de l’Eglise de Christ au Congo. L’exemplarité a été recommandée à ces hommes leur gestion pour le bien des 80 millions de congolais.