Très critiqué, le Parti démocrate local a lancé un recompte manuel de tous les résultats des caucus. Sans attendre, les principaux candidats se sont exprimés. Et Bernie Sanders, donné favori, a publié ses propres chiffres partiels.
Difficile d’imaginer un démarrage plus chaotique. Lundi soir, le Parti démocrate lançait dans l’Iowa son marathon électoral pour désigner le futur rival de Donald Trump à la présidentielle de novembre. Et le scrutin dans ce petit État rural du Midwest a viré au fiasco, les instances locales du parti étant dans l’incapacité de publier le moindre résultat officiel.
Peu après 1 heure du matin heure locale (8 heures à Paris), le patron du Parti démocrate de l’Iowa, Troy Price, a annoncé que les résultats des caucus, ces assemblées citoyennes où les électeurs votent en public en se plaçant physiquement dans une zone réservée à leur candidat, seraient connus «plus tard» ce mardi, sans préciser quand ni les raisons exactes d’un tel délai. Les organisateurs du scrutin, a-t-il expliqué, sont en train de vérifier «manuellement» l’intégralité des résultats, en comparant les données numériques avec les procès-verbaux écrits, un processus «plus long qu’imaginé». Plus tôt dans la soirée, le parti avait évoqué des «incohérences» dans la compilation de certains résultats.
Selon les médias américains, et sur les réseaux sociaux, de nombreux responsables de bureaux de vote ont indiqué avoir rencontré des difficultés pour transmettre les résultats via une nouvelle application sécurisée, dont la fiabilité avait été mise en doute ces derniers jours. Pour contourner ces problèmes techniques, beaucoup ont préféré communiquer les chiffres via une hotline téléphonique du parti, en place depuis des décennies, provoquant visiblement un engorgement. Sur Twitter, le secrétaire d’un bureau de vote dans le comté de Floyd, Shawn Sebastian, a ainsi raconté avoir dû patienter en ligne pendant plus de deux heures avant de pouvoir finalement transmettre ses résultats. Un processus qui a pris une vingtaine de minutes.
Accentuant l’impression de débâcle dégagée par cette première soirée électorale, d’autres témoignages ont fait état de problèmes de calculs mathématiques de la part de certains responsables de bureaux de vote, liés au fonctionnement particulier des caucus, un mode de scrutin public jugé archaïque par beaucoup et abandonné par la plupart des Etats américains. Quinze l’utilisaient en 1992, ils ne sont plus que trois cette année, dont l’Iowa.
Sans attendre la publication incertaine des résultats, et pour s’assurer une visibilité médiatique avant la fin du prime-time télévisuel, tous les principaux candidats se sont exprimés.
Sanders, le sénateur du Vermont se dit en tête
Moins prudent que ses rivaux, l’ancien maire de South Bend (Indiana) et benjamin de la course, Pete Buttigieg, a quasiment revendiqué la victoire dans l’Iowa.
Dans la foulée, ajoutant un peu plus au chaos, la campagne de Bernie Sanders a décidé de publier ses propres résultats internes portant sur près de 40% des bureaux de vote. Collectés, selon elle, par des «volontaires formés», dans des bureaux de vote «représentatifs», à la fois «urbains» et «ruraux», ces chiffres placent le sénateur du Vermont en tête avec 28,62% des délégués, devant le modéré Pete Buttigieg (25,71%) et sa rivale progressiste Elizabeth Warren (18,42%). Joe Biden, lui, semble nettement distancé, quatrième avec 15,08%. «Nous reconnaissons que [ces chiffres] ne remplacent pas l’ensemble des données du Parti démocrate de l’Iowa, mais nous croyons fermement que nos supporteurs ont travaillé trop dur pendant trop longtemps pour que les résultats de leur travail soient retardés», a justifié Jeff Weaver, l’un des principaux conseillers de Bernie Sanders, dans un communiqué.
Frustrants pour les démocrates, l’absence totale de résultats et le sentiment de chaos dégagé par ces caucus de l’Iowa ont en revanche fait des heureux dans le camp de Donald Trump, prompt à faire circuler des rumeurs de piratage catégoriquement démenties par le Parti démocrate de l’Iowa ou de manipulation des résultats. Sur Twitter, le directeur de campagne de Trump, Brad Parscale, n’a pas manqué l’occasion de moquer ce fiasco électoral : «Débâcle du Parti démocrate. Ils ne peuvent même pas organiser un caucus et ils veulent diriger le gouvernement. Non merci ».