Le président ivoirien a annoncé jeudi 5 mars, qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat à l’occasion de l’élection d’octobre 2020. Le Chef de l’Etat s’est exprimé devant les parlementaires réunis en Congrès.
« Durant les deux mandats que vous m’avez confiés à la tête de notre beau pays, j’ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements. Dans le même esprit, j’avais à plusieurs occasions indiqué, au moment de l’adoption de la Constitution de la IIIe République en 2016, que je ne souhaitais pas me représenter à un nouveau mandat présidentiel. En conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle », a donc déclaré le chef d’État ivoirien.
Une annonce surprise qui met fin à des mois de spéculations. Elle est intervenue au terme d’un discours d’une quarantaine de minutes au cours duquel Alassane Dramane Ouattara a détaillé son bilan de neuf années au pouvoir entre 2011 et 2020, ses résultats économiques, ses résultats sociaux en matière d’éducation et de santé aussi. Un bilan dont Alassane Ouattara s’est dit fier.
Ensuite le président a expliqué la raison de sa présence ici, à savoir la révision constitutionnelle ou plutôt les aménagements : « Il est vrai que cela suscite souvent méfiance et suspicion, car c’est souvent un prétexte pour se maintenir au pouvoir. Je voudrais vous rassurer, ce projet de révision constitutionnelle ne s’inscrit nullement dans cette optique ».
Transmettre le pouvoir à la jeune génération
Quelques minutes plus tard, le président de la République fait donc son annonce sous les acclamations du grand amphithéâtre de la fondation Houphouët-Boigny : « J’ai décidé de transférer le pouvoir à une jeune génération. Je veux transférer le pouvoir d’un président démocratiquement élu à un autre pour la première fois de notre histoire ».
À la sortie de la salle, quelques députés ont échangé. « Tu savais toi ? », demande l’un d’entre eux à un collègue. « Moi, je savais », répondit l’autre en se vantant quelque peu. Des députés et des sénateurs qui, en tout cas, n’hésitent pas à commenter et à qualifier ce discours d’inédit et meme d’historique.
Alassane Ouattara est à la tête du pays depuis le 6 mai 2011. Il avait succédé à Laurent Gbagbo après avoir remporté l’élection du 28 novembre 2010. Un scrutin qui avait donné lieu à des contestations et à une grave crise post-électorale. Alassane Ouattara avait ensuite été réélu au premier tour de la présidentielle de 2015 avec 83,7% des voix.
“On est content qu’il laisse la place à la jeune génération. C’est un homme de parole. Je suis fier de mon président même si je ne suis pas un de ses partisans. Je suis fier qu’on fasse confiance à la jeunesse”, a affirmé Daouda Bakayoko, élève-maître au Cafop (équivalent de l’Ecole Normale) de Yamoussoukro nous rapporte nos confrères d’Africanews.
Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant la présidentielle d’octobre, qui se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts. Les élections municipales et régionales de 2018 ont été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.
Pour le moment, l’ancien chef de la rébellion Guillaume Soro, actuellement en France et sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte d’Ivoire, est le seul à s‘être déclaré candidat.
Sorro hors-jeu, Hamed Bakayoko le favori?
Le ministre d’Etat, ministre de la Défense, Hamed Bakayoko s’est exprimé il y’a quelques jours suite à la décision de son grand patron, le Président de la République, Alassane Ouattara, de ne pas briguer un nouveau mandat.
« Je suis fier de ce grand homme et heureux de le côtoyer. Un grand africain qui donne d’espérer en notre continent ! » a-t-il salué la décision solennelle d’Alassane Ouattara, ce 5 mars 2020, de ne pas se représenter pour solliciter le suffrage de ses compatriotes en octobre prochain. Hamed Bakayoko, c’est le poulain d’Alassane Ouattara, son « fils » adoptif qui le rend fier par sa forte capacité d’adaptation et d’apprentissage. Depuis le premier jet de Le patriote, en 1990, à ce jour, le « golden boy » n’a point fléchi dans sa conviction en un homme providentiel venu de Kong.
Au fil des ans, des soubresauts de la scène politique ivoirienne, les deux se sont forgé une complicité, une entente parfaite, une forte relation de confiance. C’est cette confiance qui pousse Alassane Ouattara a successivement confier à Hamed Bakayoko, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité puis le ministère de la Défense en juillet 2017.
Le pouvoir faisait alors face à des mutineries à n’en point finir. Le joker de Ouattara, Hamed Bakayoko ! Depuis lors, par le dialogue permanent avec la hiérarchie militaire, les soldats de rang, la mise en application des décisions prises, la formation, l’amélioration des conditions de vie et de travail des soldats et gendarmes, le ministre d’Etat, ministre de la Défense a su calmer les humeurs.
C’est donc un homme « fier » de son idole qui s’exprime, quoiqu’étreint par l’émotion.
Surprise inédite
Attendu pour être un discours sur l’état de la Nation, avec peut-être une annonce de libération de prisonniers, cette intervention solennelle a fait réagir le ciel. Il s’est assombri comme le 30 novembre 2001, jour de la participation d’Alassane Ouattara, au Forum pour la réconciliation nationale organisé par Laurent Gbagbo. Alassane Ouattara, comme son père spirituel politique, est vraiment entré dans l’Histoire de la Côte d’Ivoire. C’est cet homme de valeur que salue son « fils », Hamed Bakayoko.