Joe Biden, 77 ans, sera bien le 46e président des Etats-Unis. Il sera investi le 20 janvier 2021, après la confirmation de sa victoire, le 14 décembre prochain par les grands électeurs. Un triomphe qui arrive après deux échecs aux primaires du Parti démocrate en 1988 puis en 2008. Le résultat de l’élection américaine a été dévoilé en fin de matinée aux Etats-Unis, le 7 novembre, par l’agence Associated Press (AP), jugée la plus fiable depuis des décennies de scrutins, et par de nombreux autres médias américains. C’est la victoire dans l’Etat de Pennsylvanie, où il vit le jour le 20 novembre 1942 à Scranton, puis dans celui du Nevada qui a permis au candidat démocrate de s’imposer finalement dans ce scrutin avec 290 grands électeurs contre 214 pour le président Donald Trump. Joe Biden, sénateur fédéral pour le Delaware de 1973 à 2009, vice-président des Etats-Unis de 2009 à 2017, pourrait encore rafler deux Etats dans les prochaines heures : l’Arizona et la Géorgie, soit 27 grands électeurs de plus.
Joe Biden a prononcé son premier discours de président élu tard dans la soirée. Il a promis d’être « le président qui unifiera l’Amérique, après quatre années de tumulte ». Quelques heures après l’annonce des résultats de l’élection, devant une foule en liesse rassemblée en « drive-in », le démocrate a appelé les Américains à ne plus traiter leurs « opposants comme des ennemis ». « Je m’engage à être un président qui rassemble et non pas qui divise », a-t-il lancé lors d’un discours enflammé dans son fief du Delaware. Sans un mot pour son adversaire, Joe Biden a célébré sa victoire convaincante, tout en tendant la main aux électeurs du président républicain dont il a dit comprendre la « déception ». « Voyons-nous, parlons-nous », « donnons-nous une chance », a-t-il insisté. Il est « temps de panser les plaies du pays et d’en finir avec les diabolisations », a exhorté le deuxième président catholique pratiquant après John Kennedy.
Dans une mise en scène particulièrement soignée, Kamala Harris a pris la parole avant le président élu. La future vice-présidente, première femme à accéder à ce poste, a affirmé, toute vêtue de blanc, qu’elle ne serait « pas la dernière ». Elle a rendu hommage aux « générations de femmes », de toutes origines, qui lui ont « ouvert la voie ». Un tir de feu d’artifices a conclu la soirée, le nombre « 46 » s’inscrivant dans le ciel de Wilmington. Dans la foulée, l’on a enregistré les premières réactions de leaders du monde à l’élection du candidat démocrate et de Kamala Harris à la Maison Blanche.
Réactions en Afrique
Samedi soir plusieurs présidents ont adressé des messages de félicitations et exprimé leur espoir d’une coopération renforcée avec la nouvelle administration. D’Addis Abeba, le Premier ministre et prix Nobel de la paix éthiopien Abiy Ahmed a tenu à féliciter Joe Biden et Kamala Harris dans un tweet : « L’Ethiopie est impatiente de travailler étroitement avec vous ». Le Gabonais Ali Bongo Ondimba a été le premier chef d’Etat africain francophone à réagir. Dans un tweet, il a félicité Joe Biden pour son élection comme 46e président des Etats-Unis d’Amérique. « Nous avons hâte de travailler avec vous et de renforcer notre amitié et notre coopération », écrit Cyril Ramaphosa, le président sud-africain, sur son compte Twitter. Le même enthousiasme est affiché par le président sénégalais Macky Sall, qui veut poursuivre « ses excellentes relations d’amitié et de coopération avec les USA ». Sur la même lancée, le président burkinabè appelle de ses vœux, une « coopération renforcée » sous l’administration Biden. Au Nigeria, le président Muhammadu Buhari, préoccupé par les relations dans les milieux d’affaires entre son pays et les Etats-Unis, insiste sur une relance de la coopération économique, diplomatique et politique. « L’Union Africaine attend avec impatience une nouvelle relation plus forte avec les Etats-Unis, basée sur le respect et la coopération internationale », affirme Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine. Des propos qui font écho aux promesses affichées par l’équipe de Joe Biden, dans le sens de renouer le dialogue avec les institutions africaines.
Politique africaine de Biden
Si elle n’est pas encore définie, le démocrate est resté plutôt prudent sur la politique extérieure que son administration souhaite mener. Toutefois, son équipe affiche des signaux positifs pour un rapprochement avec le continent. Elle entend afficher un « respect mutuel » envers l’Afrique et montrer son « engagement » sur les questions de démocratie, de sécurité et d’économie. Joe Biden veut se démarquer de Donald Trump, qui a qualifié ses partenaires africains de « pays de merde » et qui ne s’est jamais rendu en Afrique.
Le grand enjeu est la présence militaire américaine au Sahel. L’équipe de Joe Biden n’a donné aucune indication sur ses intentions. On devrait observer un changement radical sur les questions migratoires. Joe Biden entend mettre fin à la « politique inhumaine en matière d’immigration » menée par Donald Trump. Le président élu promet par exemple d’annuler « le travel ban », les restrictions de voyages qui touchent les citoyens nigérians, soudanais et somaliens.
Joe Biden, promet aussi d’organiser un sommet de chefs d’Etats africains, comme l’avait déjà fait Barack Obama en 2014. On également en droit de s’attendre à un nouveau souffle sur l’AGOA, le programme d’échanges commercial qui permet aux pays africains d’exporter des produits vers les Etats-Unis sans être taxés. Pour nouer des liens concrets avec ses homologues africains, le président élu sait bénéficier de grands noms de la diplomatie américaine, comme Nicolas Burns ou Susan Rice.