C’est avec célérité et fair-play que le président sortant du Liberia, George Weah, a concédé sa défaite à l’élection du 14 novembre 2023, et ceci bien avant que la commission électorale ne publie les résultats définitifs.
George Weah, qui était en ballottage défavorable, ne briguera pas un second mandat à la tête du Liberia. Après le vote de mardi, 99,5 % des votes ont été acheminés et dépouillés à Monrovia, la capitale, et font état d’une avance de plus d’un point en faveur de Joseph Boakai. Le candidat de 78 ans, ancien vice-président (2006-2018), comptabilise environ 28 000 bulletins de plus que Weah, ce qui le porte à 50,89 % des suffrages
Au terme d’un second tour au déroulement plutôt pacifique et transparent, le chef de l’État, élu en 2017, a ainsi déclaré, le 17 novembre, à la radio publique : « Le CDC [Congress for Democratic Change, son parti] a perdu l’élection, mais le Liberia a gagné. C’est le moment de se montrer élégant dans la défaite ». Les félicitations de Weah au nouvel élu avaient tout d’un échange de maillots à la fin d’un de ces matchs de football qu’illumina le 40e Ballon d’or de l’Histoire.
À 78 ans, Joseph Boakai devient donc, et pour six ans, le troisième président démocratiquement élu d’un pays d’environ 5 millions d’habitants traumatisés par une longue guerre civile, qui fit plus de 250 000 morts entre 1989 et 2003. Pour finir de donner des allures de civilité à un résultat qui sonne pourtant comme une revanche de 2017 (il avait alors été battu par Weah), celui qui fut le vice-président d’Ellen Johnson Sirleaf promet la formation d’un gouvernement « inclusif ». L’histoire dira si un excès de bons sentiments ne tue pas les bons sentiments.
L’alternance actuelle tranche non seulement avec les crises de triste mémoire que le Liberia a traversées, mais aussi avec les coups d’État survenus ces derniers mois en Guinée, au Mali, au Burkina Faso ou au Niger. De quoi rassurer les « démocratophiles », assaillis de doutes au sujet des prochaines élections sénégalaise et ivoirienne. À 57 ans, sommité du monde du sport, chanteur à ses heures et maintenant bon perdant, George Weah, lui, ne devrait pas tarder à rebondir.