Les américains ne s’y attendaient vraiment pas. Toutefois, la rencontre a permis aux deux hommes de montrer une seconde nature. Six thématiques étaient à l’ordre du jour du débat, et l’une des questions centrales ont porté sur les déclarations d’impôts polémiques de Donald Trump révélés par le célèbre Journal The New York Times. En effet, selon le tabloïd, le président américain a uniquement déclaré au fisc 750 dollars US, tandis que le couple Biden totalise pas moins de 356.000 dollars US pour l’exercice 2020 en cours. Une information pris en ballotage par de nombreux bookmakers américains, compte tenu de l’insignifiante déclaration fiscale de Trump, qui n’atteint pas celui d’un américain moyen. La gestion de l’épidémie due au coronavirus, l’économie et l’intégrité de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre ont également fait partie du menu.
Cependant, le président américain a aussi dû se défendre sur la révélation sur ses 750 dollars d’impôts sur le revenu. « Je paie des millions de dollars d’impôts, vous allez bientôt voir mes déclarations fiscales », a assuré Donald Trump.
Des railleries, et propos déplacés tout au long des échanges
Une cacophonie, une foire d’empoigne, la chaîne CNN a même qualifié ce premier débat entre Donald Trump et Joe Biden de « shit show« , comprenez « merdier« . Pour beaucoup d’analystes et d’électeurs, le débat qui s’est déroulé mardi 29 septembre au soir à Cleveland, aux États-Unis, a été le pire de l’histoire américaine. Malgré les règles et les temps de parole, Donald Trump a coupé en permanence son adversaire Joe Biden qui a fini par lui demander de « la fermer« .
« C’est dur d’en placer une avec ce clown » affirmait Biden. Les noms d’oiseaux ont fusé de chaque côté des candidats. « Il n’y a rien d’intelligent en vous Joe, en 47 ans de politique vous n’avez rien fait« , a assené Donald Trump à son adversaire Joe Biden. « C’est dur d’en placer une avec ce clown. Vous êtes le pire Président que l’Amérique ait jamais connu« , lui a rétorqué l’ancien vice-président de Barack Obama.
« Il n’y a rien d’intelligent en vous », a de son côté lancé le président, Donald Trump, en mauvaise posture dans les sondages, qui espérait un faux pas de son rival qui n’a pas eu lieu. Mâchoires serrées, le locataire de la Maison Blanche, qui briguera le 3 novembre un second mandat de quatre ans, s’est efforcé de dépeindre son adversaire comme une marionnette de la « gauche radicale », que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat.
Mais l’ancien vice-président de Barack Obama, dont la combativité suscitait des interrogations, a tenu le choc dans ce face-à-face organisé à Cleveland. Les yeux plantés dans la caméra, il a régulièrement pris les Américains à témoin, les appelant à se rendre aux urnes pour éviter « quatre années de plus de mensonges ».
Le 45e président des Etats-Unis a peiné, tout au long du débat, à reprendre la main, tentant d’interrompre « Joe » jusqu’à se faire fermement rappeler à l’ordre par l’animateur du débat, le journaliste de Fox News Chris Wallace.
« Etes-vous pour la loi et l’ordre ? », a interrogé le président américain dans un échange particulièrement tendu, où il a accusé son rival d’être otage de ses soutiens au « sein de la gauche radicale ». « La loi et l’ordre avec la justice », a répondu son adversaire démocrate, qui a par moments buté sur les mots, mais a évité les gaffes que redoutaient certains dans son camp.
Par ailleurs, le milliardaire républicain a aussi tenté d’accuser Joe Biden, issu de l’aile modérée du Parti démocrate, de vouloir un système de santé « socialiste » défendu par la gauche radicale. Le candidat démocrate a, lui, dénoncé la volonté du locataire de la Maison Blanche d’installer une juge conservatrice à la Cour suprême juste avant le scrutin du 3 novembre. « Ce qui est en jeu ici, c’est que le président a dit clairement qu’il veut se débarrasser de l’Affordable Care Act », la loi d’assurance-maladie plus connue sous le nom d’Obamacare, a-t-il déploré.
Trump n’est pas prêt à accepter le résultat du vote
« Nous devrions attendre de voir le résultat de cette élection », a plaidé le candidat démocrate, cravate à fines rayures noires et blanches. « Nous avons gagné l’élection [de 2016] et nous avons le droit de le faire », a rétorqué l’ex-magnat de l’immobilier, cravate sombre rayée de rouge. Les deux candidats septuagénaires se sont ensuite écharpés sur le bilan de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis, pays le plus endeuillé au monde avec plus de 205 000 morts. « Vous n’auriez jamais pu faire le travail que nous avons fait, vous n’avez pas cela dans le sang », a martelé Donald Trump. « Je sais ce qu’il faut faire », tandis que « le président n’a aucun plan », a répondu Joe Biden.
Si Joe Biden s’est engagé à accepter le résultat du scrutin, Donald Trump a, lui, esquivé, se bornant une fois de plus à affirmer sans preuves que le vote par correspondance, qui s’annonce important en raison du Covid-19, favoriserait des « fraudes ».
Coronavirus oblige, et comme prévu, les deux hommes ne se sont pas serré la main mais se sont salués de loin sur la scène de Cleveland, dans l’Ohio, l’un de ces Etats-clés qui pourrait faire basculer la victoire dans un camp ou dans l’autre le 3 novembre. Ils faisaient face à un public restreint, avec leurs épouses, Melania Trump et Jill Biden, toutes deux masquées.
Selon plusieurs sondages, Biden serait devant
Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami, en Floride, et à Nashville, dans le Tennessee. La chaîne CBS a elle aussi sondé les téléspectateurs après le premier débat entre les deux candidats à la présidentielle. Si Joe Biden est là encore désigné vainqueur, le résultat est plus contrasté que dans l’enquête menée par CNN : 48% d’entre eux décernent la victoire au démocrate contre 41% à Donald Trump. Dix pour cent estiment qu’il y a match nul entre les deux prétendants. La chaîne américaine d’information en continu CNN a publié un sondage réalisé peu après la fin du débat. Selon ce sondage, le vainqueur du débat est Joe Biden pour 60 % des personnes interrogées, Donald Trump pour 28 %. La candidate à la vice-présidence des Etats-Unis, la sénatrice de Californie Kamala Harris, a estimé à l’issue du débat que le choix pour les américains était désormais clair : «un leader qui montre la voie» ou un « tyran qui ne cesse d’interrompre ».