L’opposition a été frontale, parfois violente. Le procès pour « corruption » et « trafic d’influence » de Nicolas Sarkozy dans l’affaire « Paul Bismuth », également surnommée « affaire des écoutes », qui s’est achevé le 10 décembre à Paris après trois semaines d’audiences, a mis en lumière deux positions antagoniques entre lesquelles le tribunal devra trancher. D’un côté une charge sévère du ministère public : quatre ans de prison, dont deux ferme, requis contre l’ancien président et ses deux coprévenus, son avocat Thierry Herzog et le magistrat Gilbert Azibert. De l’autre, des avocats taillant en pièces le réquisitoire du Parquet national financier (PNF) et dénonçant un « dossier plein de fantasmes et vide de preuves », basé sur « des extraits sur lesquels on bâtit des histoires ».
C’est de l’inédit sous la sous la Ve République en France. Pour la première fois, une peine de prison est requise contre un ancien président. « Les faits ne se seraient pas produits si un ancien président, avocat par ailleurs, avait gardé présent à l’esprit la grandeur, la responsabilité, et les devoirs de la charge qui fut la sienne», a lancé Jean-Luc Blachon, le procureur, soulignant qu’il avait été en tant que chef de l’Etat « le gardien de l’indépendance de l’autorité judiciaire ». « La République n’oublie pas ses présidents, ne serait-ce que parce qu’ils font l’Histoire. A l’inverse, on ne peut pas admettre d’un ancien président qu’il oublie la République et ce qu’elle porte depuis plusieurs décennies : un Etat de droit », a-t-il poursuivi. Les avocats des coprévenus de Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert, ont débuté, le 10 décembre, leurs plaidoiries en défense, au dernier jour du procès.
« Mon propos sera la critique absolue, sans réserve (…) de ce dossier, qui est la parfaite illustration de tout ce qu’il ne faut pas faire dans une procédure pénale », a déclaré Dominique Allegrini, l’avocat de Gilbert Azibert, au début de sa plaidoirie. Me Allegrini a dénoncé les réquisitions du parquet qui sont autant de « peines de mort : une peine de mort sociale pour Gilbert Azibert, une peine de mort professionnelle pour Thierry Herzog et une peine de mort politique pour Nicolas Sarkozy ». Les trois prévenus comparaissent pour corruption et trafic d’influence, Thierry Herzog étant aussi poursuivi pour violation du secret professionnel et Gilbert Azibert pour recel de cette violation. Les conseils de Thierry Herzog ont conclu les plaidoiries et la décision a été mise en délibéré.