L’accusant de complaisance envers la Chine, Donald Trump a mis, le 29 mai dernier, à exécution sa menace de quitter l’organisation mondiale de la santé au moment où son pays franchit la barre symbolique de 100 000 morts de COVID-19.
« Parce qu’ils ont échoué à faire les réformes nécessaires et requises, nous allons mettre fin aujourd’hui à notre relation avec l’Organisation mondiale de la santé », a regretté l’homme le plus puissant au monde le 29 mai 2020, lors d’une conférence de presse. Cette sortie du président américain est consécutive à un ultimatum lancé un mois plus tôt. « Si l’Organisation mondiale de la santé ne s’engage pas à des améliorations notables dans un délai de 30 jours, je vais transformer la suspension temporaire du financement envers elle en une mesure permanente et reconsidérer notre qualité de membre au sein de l’organisation », prévenait Donald Trump le 15 avril dernier. Au bout de cet ultimatum, le président américain est passé à l’acte.
Pour Donal Trump, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est montrée « trop indulgente avec la Chine depuis le début de la pandémie de COVID-19 ». Raison pour laquelle il a annoncé « mettre fin à la relation » entre son pays et l’organisation onusienne. Selon le dirigeant américain, l’OMS a tardé à prévenir le monde entier de l’arrivée de l’épidémie, alors que les Etats-Unis sont l’un des plus grands contributeurs. Premiers bailleurs de fonds de l’organisation, Donald Trump a annoncé le 29 mai dernier que les Etats-Unis vont « rediriger ces fonds vers d’autres besoins de santé publique urgents et mondiaux qui le méritent ». Traitant l’OMS de « marionnette de la Chine », où l’épidémie a débuté à la fin 2019, les Etats-Unis menacent également de rompre toute relation avec la Chine. Donald Trump a assuré qu’il ne souhaitait plus, pour l’heure, parler à son homologue, Xi Jinping. Les autorités chinoises de leur côté assurent avoir transmis le plus vite possible toutes les informations à l’OMS.
Qualifiant la décision américaine de « sérieux revers pour la santé mondiale », le ministre allemand de la santé, Jeus Spahn, a souligné la nécessité de réformer l’institution en appelant l’Union européenne (UE) à s’engager plus financièrement. Il a également souligné que renforcer le rôle de l’Europe dans l’agence onusienne serait l’une des priorités de son pays qui prend le premier juillet la présidence tournante de l’UE.
Réaction de l’UE
Les dirigeants européens ont appelé les Etats-Unis « à reconsidérer leur décision annoncée » par le président Donald Trump. « La coopération et la solidarité mondiale par le biais d’efforts multilatéraux sont les seuls moyens efficaces et viables de gagner cette bataille à laquelle le monde est conforté », soutiennent-ils. Cette thèse est défendue par Ursula Bon der Leyen, la présidente de la commission européenne, et le chef de la diplomatie de l’UE, Joseph Borrel. Ces dirigeants de premier rang militent pour une réponse globale à la crise du COVID-19. Ils ont d’ailleurs créé un grand téléthon mondial afin de soutenir l’OMS dans ses recherches de vaccin.
« L’OMS doit continuer à être en mesure de diriger la réponse internationale aux pandémies, actuelles et futures. Pour cela, la participation et le soutien de tous sont nécessaires et indispensables », exhortent les dirigeants européens.
Une histoire sombre
La crise sanitaire de COVID-19 est désormais dans le débat politique. « Il y a des jours dans notre histoire si sombres, si déchirants qu’ils sont pour toujours gravés dans chacun de nos cœurs comme un deuil commun. Il s’agit de l’un de ces moments », a souligné le candidat démocrate à la présidentielle, Joe Biden. A Washington, la maire a annoncé qu’elle assouplirait les consignes de confinement imposées à la capitale fédérale américaine après 14 jours de baisse des transmissions de COVID-19, avec notamment l’ouverture des coiffeurs et des terrasses de restaurants. Toutefois, elle a prévenu, « le virus est toujours dans notre ville, notre région et notre pays », en annonçant la première phase de déconfinement. Les parcs vont également rouvrir mais pas les piscines publiques. Avec plus de 100 000 morts, les Etats-Unis enregistrent près de 1,7 millions de cas confirmés de COVID-19.