Jeudi 9 janvier 2020, le président américain Donald Trump laissant entendre qu’il méritait le Nobel de la Paix 2019 pour avoir « sauvé » un pays africain.
Aucune référence au pays dont il faisait allusion, encore moins au lauréat du Nobel de la Paix pour cette cuvée 2019. Mais il n’a échappé à personne qu’il s’agissait de l’Ethiopie et de son Premier ministre Abiy Ahmed qui a remporté la prestigieuse récompense pour avoir tendu la main au frère ennemi érythréen, mettant ainsi fin à plusieurs décennies de guerre.
Donald Trump jaloux?
Pour le dirigeant américain, il avait autant de mérite que le dirigeant éthiopien dans la course au Nobel de la Paix. « J’ai conclu un accord, j’ai sauvé un pays, et je viens d’entendre que le chef de ce pays obtient maintenant le Prix Nobel de la paix pour avoir sauvé le pays. … Avais-je quelque chose à voir avec ça ? Ouais. Mais c’est comme ça », a déclaré le président américain devant ses partisans lors d’un meeting électoral dans l’Ohio.
Dans les coulisses de la paix surprise entre l’Ethiopie et l’Erythrée, les observateurs ont certes fait cas de l’intervention de puissances du Golf et des Etats-Unis, mais ont surtout souligné l’engagement du Premier ministre Abiy Ahmed de réformer strictement la matrice politique de l’Ethiopie. Outre l’Erythrée, l’effort de paix de l’Ethiopie a également fait souffler un vent de réconciliations sur la région de la Corne de l’Afrique. Vendredi, le bureau de la primature éthiopienne n’avait toujours pas réagi aux propos de Donald Trump.
D’ailleurs, le contexte de cette sortie qui continue d’intriguer, notamment en Ethiopie, reste difficilement situable. Si d’aucuns estiment que Donald Trump fait référence à une intervention américaine pour la sortie de guerre entre l’Ethiopie et l’Erythrée, un haut responsable éthiopien a confié à l’Associated Press, sous le couvert de l’anonymat, qu’il s’agit plutôt du conflit entre Addis-Abeba et Le Caire relativement au Grand Barrage de la Renaissance sur le Nil.
En effet, des analystes estiment que le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, opposé à l‘érection du barrage, a fait pression sur son homologue américain afin que ce dernier joue de son poids dans les négociations avec l’Ethiopie. L’idée étant d’arracher un accord à Addis-Abeba sur la mise en activité de ce barrage, objet de tensions entre l’Egypte, l’Ethiopie, mais aussi le Soudan. De fait, les Etats-Unis et la Banque mondiale jouent le rôle d’observateurs dans les pourparlers. Des délégations de ces trois pays sont attendues lundi à Washington pour faire un rapport sur les négociations qui se sont achevées jeudi sans qu’un accord n’ait été trouvé.