Depuis le 6 avril, la police nigériane a un nouvel Inspecteur général de police (IGP) par intérim. Selon une annonce de Maigari Dingyadi, le ministre des Affaires de la Police, Usman Alkali Baba remplace Mohammed Abubakar Adamu. « Le mandat de l’IGP Mohammed Adamu qui a pris fin le 1er février 2021 a été prolongé par le président pour permettre le suivi d’un processus détaillé de nomination d’un nouvel IGP, conformément à l’article 15 (A) de la Constitution nigériane », a précisé le ministre des Affaires de la Police. Sur les raisons de ce limogeage précoce, il a expliqué que c’est la prérogative du président de décider du sort de Mohammed Abubakar Adamu. « C’est le chef de l’Etat qui est chargé de nommer ou de prolonger les mandats », a-t-il tranché.
Usman Alkali Baba aura, entre autres missions, la charge de veiller à ce que les politiques de réforme de la police soient pleinement prioritaires pour assurer la paix dans tout le pays. Le président Muhammadu Buhari désire réorganiser l’architecture de sécurité du pays, afin que les problèmes sécuritaires qui se posent puissent prendre fin. Né le 1er mars 1963, le nouvel IGP par intérim est originaire de l’Etat de Yobe, au nord-est du Nigéria. Il a une maîtrise en administration publique. Il fit son entrée dans la police nigériane le 15 mars 1988. Jusqu’à sa nomination, il était inspecteur général adjoint de la police.
Au moment de son limogeage, Mohammed Abubakar Adamu se trouvait à Owerri, la capitale de l’Etat d’Imo. Il s’y est rendu après les attaques contre le siège de la police et la prison d’Owerri. « La prison d’Owerri a été attaquée vers 2 h 15 du matin lundi par des hommes armés non identifiés, qui ont libéré de force 1 844 détenus », a indiqué dans un communiqué le porte-parole des services pénitentiaires nigérians, Francis Enobore. L’assaut donné contre le commissariat d’Owerri a occasionné le pillage de nombreuses armes et la plus grande évasion de l’histoire moderne du Nigeria. La police nigériane a directement imputé cette attaqué à Indigenous People of Biafra (IPOB), qui a démenti toute implication, qualifiant ces accusations de « mensongères » et « fallacieuses ». « Ce n’est pas notre mission d’attaquer les services de sécurité ou les prisons », a assuré Emma Powerful, leur porte-parole, dans un communiqué transmis.
Le président Muhammadu Buhari a condamné cette attaque, qualifiant ses auteurs de « terroristes » et d’« anarchistes », sans toutefois nommer l’IPOB, le groupe indépendantiste du Biafra, où se trouve l’Etat d’Imo. Le mouvement de l’IPOB affiche toujours des velléités séparatistes et a récemment montré des vidéos très impressionnantes d’une nouvelle milice baptisée « Réseau sécuritaire de l’Est », dans lesquelles on peut voir des dizaines, voire des centaines de combattants à l’entraînement. Fin janvier, des violences avaient éclaté entre l’armée et des communautés locales, faisant au moins un mort. Les tensions restent fortes entre les groupes indépendantistes biafrais et le pouvoir central, 50 ans après la terrible guerre civile (1967-1970) qui a fait près d’un million de morts, en majorité issus de l’ethnie Igbo.