Alors que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) dirigé par le général Tiani ne fléchit ni devant les sanctions économiques et financières imposées par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ni devant les menaces d’un recours à la force agitées par les pays de la région, les divisions se creusent entre les pays africains sur l’attitude à adopter. Une réunion «tendue», «interminable», «de plus de dix heures», le 14 août à Addis-Abeba, selon plusieurs diplomates présents, du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), l’organe chargé de statuer sur les questions de règlement des conflits, en a été le révélateur.
D’après plusieurs sources, lors de cette rencontre, le CPS a décidé de rejeter l’usage de la force face au CNSP. Cette position devait être officialisée par un communiqué officiel. Cette position se désolidarise de la Cédéao qui, même si elle continue à privilégier le «dialogue», a ordonné l’ «activation immédiate de [sa] force en attente», et elle affaiblit considérablement l’organisation ouest-africaine.
«Tout en rappelant notre politique de tolérance zéro face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, nous avons choisi de ne pas soutenir une intervention militaire au Niger, parce qu’elle pourrait déboucher sur un bain de sang et causer plus de dégâts qu’il n’en existe actuellement», confie un diplomate de l’UA. Dans le même temps, le CPS a choisi de suspendre temporairement le Niger de toutes les activités de l’UA. De son côté, la Cédéao a décrété une série de neuf décisions.
Des sanctions qui vont de la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger au gel des avoirs des militaires responsables du coup d’État, en passant par une interdiction de voyage des officiers militaires impliqués dans la mise à l’écart de Bazoum. Toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres de la Cédéao et le Niger sont suspendues. Dans les banques centrales de la Cédeao, les avoirs de la République du Niger ont été gelés. La Cédéao a également annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec le Niger.
Ces sanctions économiques se font déjà sentir dans la capitale Niamey où les opérations bancaires sont au ralenti. Aux frontières avec le Bénin et le Nigéria, plusieurs camions de vivres sont bloqués, ce qui engendre la hausse des prix des denrées alimentaires dans le pays. En plus du blocus économique imposé par la Cédéao, plusieurs pays et organisations internationales ont remis en question leur aide financière. Le CNSP a dénoncé «les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la Cédéao». Ces sanctions «vont jusqu’à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires» et de «fourniture en courant électrique», a déploré le CNSP.