Six français membres de l’ONG Acted, leur guide et leur chauffeur nigériens, ont été attaqués le 9 août, en fin de matinée, par des personnes armées circulant à moto dans la région de la réserve des girafes de Kouré, sur la route nationale numéro 1 à une soixantaine de kilomètres de la capitale, Niamey.
D’après des sources concordantes, l’attaque a eu lieu un peu après le poste de contrôle des gardes de la réserve, à environ une heure de route de Niamey. La réserve attire des touristes qui s’y rendent pour une brève excursion pendant la journée, afin d’y admirer les derniers troupeaux de girafes d’Afrique de l’Ouest. Dimanche à bord d’un Land Cruiser, les six français et deux nigériens ont subi des tirs d’armes automatiques, avant de voir leur véhicule incendié. « Nous sommes en train de gérer la situation, on donnera plus d’informations après », a indiqué le gouverneur de Tillabéri, Tidjani Ibrahim Katiella, sans donner de détails sur les circonstances de l’attaque, ni sur l’identité des assaillants. Cette attaque meurtrière est la première ayant visé des Occidentaux dans la zone de Kouré depuis qu’elle est devenue une attraction touristique il y a une vingtaine d’années. Selon un humanitaire à Niamey, la zone n’était « pas du tout considérée comme dangereuse ». Mais la région dans laquelle elle est située, dans la zone de « trois frontières », est instable. L’armée française, présente dans le cadre de la force Barkhane, a fourni dimanche un appui aux forces nigériennes.
Emmanuel Macron a dénoncé dimanche soir « l’attaque meurtrière qui a lâchement frappé un groupe de travailleurs humanitaires » et affirmé que « tous les moyens » seront mis en œuvre pour « élucider » les circonstances de cet « attentat », selon un communiqué de la présidence française. Le chef de l’Etat français, qui s’est entretenu avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, a ajouté que « leur détermination à poursuivre la lutte en commun contre les groupes terroristes au Sahel » demeurait « intacte ». Sur son compte Twitter, le président nigérien a adressé ses condoléances « aux familles des victimes nigériennes et françaises » ainsi qu’« au président Macron dont l’engagement à nos côtés dans la lutte contre le terrorisme est sans faille ». L’Elysée a précisé, dans son communiqué, qu’un conseil de défense se tiendra dans la matinée du 11 août, « sous l’autorité du président de la République et sur la base des informations qui seront transmises par les autorités nigériennes et françaises ».
Pour Emmanuel Macron et son gouvernement, il est question entre autres préoccupations, d’élucider les circonstances de l’attaque, évaluer l’évolution de l’enquête, faire le point sur les diligences aux niveaux diplomatique et militaire. Un groupe, encore peu connu, affilié à l’organisation Etat islamique dans le grand Sahara, opère dans une région plus au nord et a intensifié ses incursions dans la zone dernièrement, alors que s’élargit son champ d’action. Et si les personnes qui ont ouvert le feu sur le véhicule avant de l’incendier et de prendre la fuite vers le nord n’ont pas été identifiées, une source fiable, sur place, estime que ces agresseurs « ont de fortes probabilités de faire partie de ce groupe ». Cette même source admet que la rencontre entre le véhicule d’Acted et les assaillants ait pu être l’objet du hasard, doublée de « l’opportunité de faire un coup ».