Le chef de l’Etat a chargé pour la première fois une femme de former un gouvernement en Tunisie, deux mois après le limogeage du précédent cabinet. Ingénieure reconnue, spécialisée dans le secteur stratégique du pétrole, Najla Bouden, 63 ans, succède ainsi à Hichem Méchichi qui aura passé moins d’un an à la primature. « C’est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne », indique la présidence dans son communiqué. Originaire de la ville de kairouan, Najla Bouden a été nommée en 2011, directrice générale chargée de la qualité au ministère de de l’Enseignement, puis chargée de mission auprès du cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en 2015.
Méconnue du grand public, elle a désormais la charge de composer un appareil gouvernemental dans « les plus brefs délais », et surtout de répondre aux questions d’urgence dans un contexte de crise sanitaire sans précédent. Dans son décret du 22 septembre, le président Kaïs Saïed a pris soin de préciser à l’article 8 que « le pouvoir exécutif est exercé par le président de la République assisté d’un gouvernement dirigé par un chef de gouvernement ». Si Najla Bouden Romdhane n’a aucune compétence particulière en économie, c’est justement sur ce plan que l’exécutif est rapidement attendu. Le budget 2021, déficitaire de 2,6 milliards de francs, est encore à boucler.
La Tunisie traverse en effet une crise économique, sociale et politique. Si l’on se fie aux chiffres, le pays du Jasmin a connu une grave récession au cours de l’année 2020. Son PIB a reculé de 6,1 % et le taux de chômage a atteint près de 17% au cours de la période considérée. Toutefois, la cheffe de gouvernement a annoncé que sa priorité absolue sera la lutte contre la corruption, credo adopté par le président pour justifier ses coups de force institutionnels du 25 juillet et du 22 septembre pour s’approprier tous les pouvoirs.