Le président Nana Akufo-Addo a indiqué, le 29 décembre 2019, être déterminés à rejoindre la future monnaie commune à l’Afrique de l’Ouest.
Après avoir fait cavalier seul en matière de monnaie depuis 1958, le Ghana deuxième PIB d’Afrique de l’Ouest et non membre de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA), a indiqué être déterminé à rejoindre les huit pays de la zone franc CFA dans l’utilisation de l’Eco. S’ils s’étaient inspirés du proverbe et devise nationale de l’Angola « l’union fait la force », avec l’Eco, les Ghanéens diraient : « Eco makes strength ».
« Nous, au Ghana, sommes déterminés à faire tout ce que nous pourrons pour rejoindre les membres de l’UEMOA, rapidement, dans l’utilisation de l’Eco, qui, nous le croyons, nous aidera à lever les barrières commerciales et monétaires », a déclaré le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, dans un communiqué publié le 29 décembre 2019. Pour l’heure l’UEMOA regroupe le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo, et ambitionne d’intégrer davantage d’économies africaines pour peser dans les échanges économiques. Si cette volonté se concrétisait, le Ghana, qui possède sa propre devise, le cedi, serait la première économie de la zone Eco, devant la Côte d’Ivoire. L’UEMOA et la France ont signé le 21 décembre 2019 un accord pour une réforme en profondeur du franc CFA qui deviendra l’Eco en 2020, mais restera arrimé à l’euro. Dans son communiqué, le président du Ghana appelle cependant à l’abandon de la parité fixe à l’euro pour « l’adoption d’un régime de change flexible ».
La parité fixe
À Abidjan, Emmanuel Macron a dit « assumer » la nouvelle situation que ces changements créaient pour la France en Afrique de l’ouest, son ancien pré carré, avec laquelle Paris doit « bâtir une relation nouvelle, à la fois passionnée et décomplexée ». Le vent de nouveauté qu’apporte l’Eco ne soufflera pas sur la parité fixe de son ancêtre avec l’euro. Il s’agit d’éviter les risques d’inflation avait expliqué le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Uemoa. Cette parité fixe est pourtant l’une des caractéristiques du F CFA les plus critiquées par des économistes africains, selon lesquels l’arrimage à l’euro, monnaie forte, pose problème pour les économies de la région, beaucoup moins compétitives, qui ont besoin de donner la priorité à la croissance économique et à l’emploi plutôt que de lutter contre l’inflation. Ces économistes plaident pour la fin de la parité fixe avec l’euro et l’indexation sur un panier des principales devises mondiales telles que le dollar, l’euro ou le yuan chinois, correspondant aux principaux partenaires économiques de l’Afrique.
L’avènement de l’Eco devrait aussi séduire le Nigeria, qui exigeait qu’une monnaie commune ouest-africaine soit déconnectée du Trésor français.
La position du Nigéria
« Le gouvernement se penchera sur le changement opéré par l’Union économique et monétaire ouest-africaine, au sujet de l’Eco, qui devra constituer la monnaie unique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest », a déclaré à Abuja, Yunusa Abdullahi, le conseiller spécial pour les médias et la communication du ministre des Finances, du Budget et de la Planification nationale. Le pays reste méfiant quant à la parité fixe qui subsistera entre l’Eco et l’euro. Plusieurs experts et économistes ont lancé un appel officiel au gouvernement afin qu’il ne se précipite pas pour adopter l’Eco. Ils soutiennent qu’une telle décision ne serait pas bénéfique pour le Nigeria à l’heure où de nombreux pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest n’ont pas encore satisfait aux critères de convergence fixés pour l’union monétaire.