Loin d’avoir livré tous ses secrets, le scandale né de la disparition de 36 montres de luxe appartenant au roi a conduit à la condamnation d’une femme de ménage et son complice à 15 ans de prison.
Un tribunal de Rabat a condamné quinze personnes à des peines de prison ferme pour avoir participé au vol de plusieurs montres appartenant au roi du Maroc. Quatre à quinze ans de prison ferme : ce sont les peines prononcées dans la nuit du 24 au 25 janvier par un tribunal de Rabat, au Maroc, à l’encontre de 15 personnes qui avaient participé au vol de plusieurs montres appartenant au roi Mohammed VI. Le suspect principal, une femme de ménage de 46 ans qui travaillait dans un des palais royaux, a écopé de 15 ans de prison. Son complice et amant de 37 ans a été condamné à la même peine.
La femme de ménage faisait fondre les montres volées pour revendre la matière première à des boutiques spécialisées dans le commerce de l’or, avant de commencer à les vendre en l’état. Au total, elle est accusée d’avoir dérobé un total de 36 montres de luxe et a ainsi pu en écouler 14 à Salé, 11 à Casablanca et 11 autres à Fès. Les quatorze autres suspects, tous des hommes, sont des détaillants d’or et des intermédiaires. Tous ont écopé au minimum de quatre ans de prison. Arrêtés dès fin 2019, ils étaient jugés pour « vol qualifié » et « constitution d’une bande criminelle ». Devant le juge, ils ont affirmé ne pas connaître l’origine des montres.
Interpol mis à contribution
La plupart des montres volées ont été revendues par la suite à des étrangers. Il s’agit, entre autres, d’un Émirati, d’un Jordanien et d’un Syrien dont les noms ont été évoqués dans les procès-verbaux de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Ces repreneurs des montres royales ont fait l’objet de mandat d’arrêt diffusé sous la supervision du procureur général de Rabat. Un ressortissant jordanien a été remis par Interpol à la BNPJ, qui l’a déféré devant le procureur du roi pour répondre de l’accusation de recel et vol. Le mis en cause avait connaissance de l’origine criminelle des quatre montres achetées à Istanbul à plusieurs centaines de milliers de dirhams, auprès de deux jeunes marocains.
Les secrets de l’enquête révèlent que les montres de luxe ont été dérobées dès 2019, après un fait majeur autour du roi.
Le départ de la princesse Lalla Salma
Fin 2018, la princesse Lalla Salma, née Salma Bennani, épouse du roi Mohammed VI et mère du prince héritier Moulay El Hassan, quitte le palais royal. La désormais ex-première dame laisse alors un grand vide. Les enquêteurs pensent que la dame de ménage a profité du vide laissé pour commettre son forfait. Ce scandale de vol de montres de luxe met à nu des failles sécuritaires dans l’intendance du palais royal de Rabat. Loin d’être un crime de lèse-majesté, cette situation changera inévitablement les habitudes du roi, mais pas son goût poussé du luxe.
Mohammed VI a été classé en 2014 par le magazine Forbes parmi les personnalités les plus riches du monde, avec une fortune estimée alors à plus de 2,5 milliards de dollars. Âgé de 56 ans, il possède une grande collection de voitures de luxe, des toiles de grande valeur et des yachts. En 2018, il apparut dans un compte Instagram dédié aux montres haut de gamme, avec à son poignet une montre Patek Philippe en or blanc incrusté de diamants d’une valeur de 1,2 million de dollars.