L’ancien président du Brésil entre 2003 et 2010 âgé de 74 ans, après 579 jours derrière les barreaux, est sorti de la prison de Curibita acclamé par une marée rouge de militants du Parti des travailleurs.
Vendredi 8 novembre le poing levé , Lula da Silva lance : « je veux continuer à lutter pour améliorer la vie du peuple brésilien ». L’ancien président purgeait une peine de 8 ans et 10 mois de réclusion pour corruption et blanchiment d’argent. Il a été accusé d’avoir bénéficié d’un triplex dans une station balnéaire proche de Sao Paulo en échange de l’octroi de contrats à une compagnie de bâtiments et travaux publics. Depuis sa cellule de la police fédérale à Curibita, dans le sud du pays, Lula clamait son innocence et se disait victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir.
Libération décidée par la cour suprême
Par 6 voix contre 5, les 11 juges de la plus haute juridiction du Brésil ont mis fin à une jurisprudence, selon laquelle une personne peut être emprisonnée avant l’épuisement de tous les recours si sa condamnation a été confirmée en appel, la jugeant inconstitutionnelle. Dans son ordre de libération, le juge a expliqué qu’il n’y avait plus « aucun fondement pour l’exécution de la peine » en raison de l’arrêt de la cour suprême. Cette décision pourrait impliquer la libération de milliers autres détenus.
Objectif 2022
Dans un discours prononcé le 9 novembre devant ses soutiens au siège des métallurgistes à Sao Paulo, Lula da Silva a fustigé les politiques dévastatrices de Jair Bolsonaro, l’accusant d’avoir appauvri les travailleurs. « Je suis certain que si nous avons un bon jugement et si nous savons travailler correctement, en 2022, la soi-disant gauche dont Bolsonaro a si peur, battra l’extrême droite que nous voulons toujours vaincre. Ce pays ne mérite pas le gouvernement qu’il a », a martelé Lula, avant d’annoncer dans la foulée sa candidature pour les élections présidentielles de 2022.
En guise de réponse, Jair Bolsonaro a préféré rappeler que les démêlés judiciaires de Lula n’étaient pas encore définitivement terminés. « La majorité du peuple brésilien est honnête et travaille dur, nous ne laisserons pas de place à un détenu, nous n’aurons pas de relation avec lui. Il est libre mais il a toujours tous ses crimes sur le dos », a rappelé Jair Bolsonaro dont les partisans ont organisé une marche contre la libération de l’ex-président Lula da Silva.
Le rêve de Lula da Silva
C’est impuissant qu’il a assisté à la victoire de Jair Bolsonaro qui, pendant la campagne n’a pas caché son souhait de voir l’ancien président de gauche et bête noire, « pourrir en prison ». Sergio Moro, le juge qui a condamné Lula en première instance en juillet 2017, est aujourd’hui ministre de la Justice dans le gouvernement de Jair Bolsonaro.
Icône planétaire, Lula quitte le pouvoir en 2010. Le premier ouvrier à accéder à la tête du Brésil apporte pendant ses deux mandats une croissance économique solide et une redistribution plus équitable de la richesse. Bien que reconnu coupable le 12 juillet 2017, il va en appel. Sa popularité est telle qu’en 2018, il continue de dominer les sondages pour la présidentielle du 7 octobre. Le jugement de la cour suprême du 5 avril 2018, le condamnant à 12 ans alors qu’il poursuivait son appel et l’empêchant de maintenir sa candidature, a été interprétée comme persécution politique.