Confronté à un calendrier électoral devenu intenable, alors que la liste définitive et officielle des candidats n’avait toujours pas été dévoilée et qu’aucune institution ne semblait vouloir prendre publiquement la responsabilité d’officialiser un report de ce scrutin, la Haute commission électorale libyenne (HNEC) a franchi le pas, le 22 décembre 2021, en « proposant », d’organiser le premier tour de la présidentielle le 24 janvier 2022. Et ce, « après concertation avec le Parlement », à qui il reviendra d’entériner une nouvelle date. En effet, la Libye est paralysée par les tensions entre camps rivaux, incapables de s’entendre sur une loi électorale.
La loi électorale est l’une des principales causes du report. Le texte censé déterminer les règles d’un scrutin, aboutissement d’un interminable processus politique parrainé par l’ONU, n’a pas été voté par le Parlement, mais directement ratifié par son chef, Aguila Saleh. Ce dernier est un allié de l’un des principaux candidats, le maréchal Khalifa Haftar qui contrôle de facto l’est et une partie du sud de la Libye. Outre le maréchal Khalifa Haftar et le Premier ministre, Abdelhamid Dbeibah, Seif al-Islam Kadhafi, le fils de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité », fait également partie des dizaines de candidats à la présidentielle.
Alors que les désaccords entre les camps rivaux, l’un dans l’Ouest et l’autre dans l’Est, paraissent insurmontables, au point qu’aucun d’entre eux n’était prêt à reconnaître les résultats de la présidentielle, rien ne garantit qu’il y aura une entente rapide autour d’un nouveau calendrier électoral. Alors que la Libye plonge dans l’incertitude politique, des miliciens armés se sont déployés, le 21 décembre 2021, à Tripoli, faisant craindre une reprise des violences en raison des tensions autour de la présidentielle.