Alors que le comptage des bulletins de vote se poursuit à la Commission électorale indépendante (CEI), le pouvoir et l’opposition ont revendiqué, le 7 mars, leur victoire aux législatives de la veille en Côte d’Ivoire. Pour la première fois depuis dix ans, l’ensemble des principaux acteurs politiques ont participé à ces législatives, laissant espérer qu’elles permettent d’apaiser la vie politique d’un pays à l’histoire récente marquée par de fortes tensions et les violences électorales. Près de 7,5 millions d’électeurs étaient attendus aux urnes le 6 mars, quatre mois après une élection présidentielle. « Le taux de participation ne dépasse pas 20% au niveau national », selon l’opposition, contre officiellement 34% aux précédentes législatives de 2016, en raison des « craintes de violences » qui ont dissuadé les électeurs d’aller voter. Les législatives qui se sont dans l’ensemble déroulées dans le calme, pourraient réserver quelques surprises.
« Notre objectif était de remporter autour de 60 % des sièges, nous y sommes », a déclaré Adama Bictogo, numéro deux du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), formation politique du président Alassane Ouattara. « A cette étape du dépouillement, les premières tendances montrent clairement que notre parti sortira vainqueur avec une majorité confortable », a-t-il ajouté. En début d’après-midi, Niamkey Koffi, coordinateur général pour les législatives du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal parti d’opposition, avait lui aussi revendiqué la victoire. « Nous pensons être autour de 128 sièges avec nos alliés », a-t-il affirmé, soit juste la majorité des 255 députés de l’Assemblée nationale. Le PDCI, de l’ex-président Henri Konan Bédié, a formé une alliance avec Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), une coalition regroupant les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo et dominée par son parti, le Front populaire ivoirien (FPI).
« Notre inquiétude, c’est la manipulation des résultats », a dit Niamkey Koffi, en mettant en garde « le gouvernement contre toute tentative qui fausserait la sincérité du scrutin ». Il a dénoncé « des résultats provisoires émaillés de tricheries, de tripatouillages, de manipulations », ainsi que « des tentatives d’inversion des résultats » dans plusieurs grandes villes et circonscriptions importantes, où le PDCI revendique la victoire de l’opposition. Il a listé les communes de Yopougon, Abobo, Port Bouët et Marcory à Abidjan, la capitale politique Yamoussoukro, la cité balnéaire de Grand-Bassam, ainsi qu’Agboville où se présentait le numéro deux du parti au pouvoir, Adama Bictogo.