Les textes saints enseignent que l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Difficile donc d’imaginer que Laurent Gbagbo tiendra encore longtemps à Bruxelles. « Ayant maintenant son passeport, il envisage de rentrer en Côte d’Ivoire, au cours du mois de décembre 2020, et a désigné à cet effet, le ministre Assoa Adou, secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), pour approcher les autorités compétentes afin d’organiser son retour dans la quiétude conformément à son statut d’ancien président de la République », renseigne le communiqué signé de Me Habiba Touré, l’avocate de Laurent Gbagbo.
« Voici une chose de faite. Notre président, notre leader a enfin reçu un passeport diplomatique et même un passeport ordinaire. Prions Dieu pour qu’il revienne le plus rapidement possible parmi nous. Il doit prendre sa part dans le combat. Apprêtons nous, attendons le, cela va être une grande fête », a indiqué Simone Gbagbo, l’ex-première dame de Côte d’Ivoire. De milliers d’Ivoiriens, de Yopougon à Gagnoa, en passant par Blokoss, les fiefs de l’ex-président, jubilent déjà attendant de voir le retour de Laurent Gbagbo.
Ses passeports en poche, par la voix de son avocate, Me Habiba Touré, Laurent Gbagbo reste mesuré. L’obtention de son passeport est un « épiphénomène », mais l’ancien président « salue l’acte posé », et demande aux autorités ivoiriennes, « de faire encore un pas de plus vers la décrispation du climat sociopolitique », écrit-elle dans un communiqué.
Dans cette communication, Laurent Gbagbo continue d’exiger la libération des leaders politiques et de la société civile qui ont été interpellés après la présidentielle du 31 octobre. « On ne peut pas emprisonner des leaders parce que ceux-ci ont fait valoir leur droit de dire « non » à un troisième mandat inconstitutionnel ». Par la voix de son avocate, il demande leur libération et « le retour sécurisé des exilés » afin de restaurer un climat de confiance. Le feuilleton des documents de voyage de Laurent Gbagbo durait depuis plusieurs mois. Me Habiba Touré avait accusé en juillet les autorités ivoiriennes de le lui refuser, notamment pour qu’il ne puisse pas rentrer dans son pays pour la présidentielle du 31 octobre. Toutefois, ces documents pourraient occasionner un saut vers d’autres rebondissements.
Il importe de préciser qu’en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, 75 ans, est condamné à 20 ans de prison dans l’affaire de braquage de la BCEAO durant la crise post-électorale de 2011. Dans un entretien accordé à RFI et France 24 fin octobre, Alassane Ouattara a souhaité le retour sous conditions de Laurent Gbagbo au pays. « Je veux que Laurent Gbagbo rentre dans des conditions normales. C’est un ancien président, il a déjà fait neuf ans là-bas », souhaitait Ouattara, qui ajoutait : « je trouve qu’il est temps qu’il rentre en Côte d’Ivoire mais cela ne peut se faire que dans des conditions examinées d’un commun accord ».