Au cours de conférences de presse distinctes, Joe Biden et Vladimir Poutine ont dressé un bilan positif de leur tout premier tête-à-tête. Commencé par une poignée de main, le sommet a pris fin au bout de trois heures au lieu des quatre à cinq heures prévues. Dans une déclaration commune, les deux présidents ont indiqué leur objectif commun de continuer à œuvrer en faveur de relations plus stables et plus prévisibles entre les deux nations, notamment en réduisant la menace de guerre nucléaire. Les deux dirigeants ont ainsi convenu d’un plan visant l’éventuel remplacement du dernier traité russo-américain restreignant l’arsenal nucléaire. Signe concret d’un certain dégel, Vladimir Poutine a indiqué, sans donner de date, que le président américain et lui avaient convenu du retour des ambassadeurs de leurs pays respectifs, rappelés plus tôt cette année pour des consultations.
« Le ton de toute la réunion était bon, positif », a confié Joe Biden à l’issue de l’entretien. « Il n’y avait aucune animosité. Au contraire, notre rencontre s’est déroulée dans un esprit constructif », a de son côté soutenu Vladimir Poutine, arrivé à l’heure au sommet malgré sa réputation de faire attendre les dirigeants étrangers, décrivant son interlocuteur comme un homme « très constructif », « très équilibré » et « très expérimenté ». Malgré les bons mots, les divergences, sans surprise, restaient évidentes. Le président américain a assuré avoir clairement mis en garde son homologue russe, en particulier au sujet des cyberattaques, brandissant des conséquences qui seraient « dévastatrices ». Joe Biden a annoncé avoir transmis à son homologue une liste de 16 infrastructures critiques, dont l’énergie et la distribution d’eau, qui étaient à ses yeux « intouchables ». Les Etats-Unis pourraient répondre avec les mêmes armes en cas de cyberattaque, a-t-il prévenu. Le président russe a cependant nié que la Russie ait joué un rôle dans une série de cyberattaques contre des institutions américaines, présentant au contraire son pays comme une victime davantage qu’un agresseur. « Le plus grand nombre de cyberattaques dans le monde provient de l’espace américain », a-t-il soutenu, critiquant l’absence de coopération de Washington sur ce sujet. En plus des cyberattaques, la question des droits de l’homme divise.
« J’ai fait comprendre au président Poutine que nous continuerions à soulever les questions relatives aux droits fondamentaux de la personne », a affirmé Joe Biden. Les Etats-Unis sont entre autres préoccupés par le sort de l’opposant russe Alexeï Navalny, qui demeure emprisonné. Interrogé sur le traitement réservé à son opposant, le président russe, évitant de le nommer, a déclaré que « cet homme savait qu’il violait la loi » en ne respectant pas les conditions d’une condamnation avec sursis lorsqu’il était soigné en Allemagne après un empoisonnement attribué aux services secrets russes. Evitant de répondre aux questions sur le sort des opposants en Russie, Vladimir Poutine a préféré montrer du doigt les Etats-Unis, évoquant les tensions sociales et énumérant ce qu’il considérait comme de nombreuses violations des droits de la personne. Il a entre autres évoqué l’attaque du Congrès du 6 janvier, les violences policières à l’encontre de la minorité afro-américaine et des bombardements américains en Afghanistan et en Irak.