Les Etats-Unis ne sont pas intervenus en Afghanistan il y a vingt ans « pour construire une nation », a précisé Joe Biden, le président américain, affirmant qu’il s’agissait là de « la responsabilité » des Afghans eux-mêmes. « Je n’enverrai pas une autre génération d’Américains combattre en Afghanistan », a-t-il martelé. « Nous mettons fin à la plus longue guerre de l’Amérique mais nous honorerons pour toujours le courage de ceux qui ont servi là-bas ». Le président démocrate a souligné que les Américains avaient « atteint leurs objectifs » dans le pays, à savoir lutter contre la menace terroriste. Il s’est également adressé directement aux interprètes de l’armée américaine, qui risquent des représailles pour avoir aidé les forces étrangères : « Il y a une place pour vous » aux Etats-Unis. Quelque 18 000 Afghans, interprètes, chauffeurs ou sous-traitants, attendent de savoir s’ils pourront s’installer aux Etats-Unis. Le traitement de ces dossiers peut d’ordinaire prendre des années.
Le retrait des troupes américaines d’Afghanistan s’opère en plein chaos, alors que les talibans affirment désormais contrôler 85% du territoire. Pour Joe Biden, l’affaire est des plus délicates. Comment honorer une promesse sans laisser un pays à feu et à sang s’enfoncer encore plus dans une spirale infernale de violences? Pendant que des voix critiques s’élèvent à Washington, la tension est à son maximum à Kaboul. Le 2 juillet, Ankara et Washington se sont accordés sur les modalités d’une future prise en charge de l’aéroport de la capitale par les forces turques après le retrait américain. Objectif : sécuriser coûte que coûte ce lieu stratégique pour les diplomates occidentaux et les travailleurs humanitaires.
A l’exception de la force de protection de l’ambassade à Kaboul composée de 650 soldats, le retrait militaire américain sera donc entièrement effectif d’ici au 31 août. Il intervient plus rapidement que prévu. La date symbolique du 11 septembre, 20 ans après les attentats perpétrés par Al-Qaïda, était la première annoncée. Reste que l’avancée des talibans rend l’avenir incertain. Ces dernières semaines, ils ont repris des dizaines de districts et « contrôlent environ un tiers du pays », relate la presse locale. De son côté, le New York Times estime que l’annonce du départ américain ne semble ne pas réellement faire de vagues aux Etats-Unis, un pays focalisé sur ses propres problèmes. « A un autre moment de l’histoire des Etats-Unis, le discours de Joe Biden et le retrait définitif des troupes d’Afghanistan auraient pu provoquer des remous politiques. Mais à l’heure où les Américains sont encore en train de combattre le COVID-19, de chercher un moyen de sortir de dix-huit mois de perturbations économiques et de lutter contre les tensions raciales et les divisions politiques, il n’y a pratiquement aucun débat, parmi les démocrates et les républicains au Congrès, sur la question de savoir s’il est ou non sage de se retirer du pays. Et les sondages montrent qu’un grand nombre d’Américains des deux partis sont favorables au retrait de l’Afghanistan », souligne le journal. Pour le moment, plus de 90% des forces américaines ont déjà quitté l’Afghanistan.