« Je l’ai vu, il est dans un très bon état d’esprit et il a pris son petit-déjeuner, il prend ses médicaments. Et puis nous avons parlé et je lui ai également dit que je vais dire à la nation qu’il est ici dans cet établissement. Et il a dit que c’était important que le pays le sache. Il est donc de très bonne humeur », a confié Ronald Lamola, le ministre sud-africain de la Justice, le 8 juillet, confirmant l’incarcération de l’ancien président perçue par une certaine opinion comme une farce gouvernementale. Jacob Zuma est bel et bien dans une cellule du centre correctionnel d’Estcourt situé à 200 kilomètres de sa maison de Nkandla, dans la province du KwaZulu-Natal bordant l’océan Indien. Il a demandé l’annulation de sa condamnation en raison de la pandémie de coronavirus et surtout de son âge avancé.
Pandémie de COVID-19 oblige, Jacob Zuma a été placé en quarantaine pour 14 jours. « Si nous avions voulu que l’ancien président séjourne dans un hôtel et dans une zone très privilégiée, nous l’aurions emmené à l’hôtel. A Carradine, sur la côte sud, où nous l’aurions emmené dans l’une de nos magnifiques maisons d’hôtes à couper le souffle su Cap Occidental, où l’on peut même voir la mer. Mais les politiques et la loi sur les services correctionnels sont claires. Il doit être incarcéré là où il est déclaré et dans un établissement correctionnel, en termes d’incarcération », a précisé Ronald Lamola. Si l’ancien président doit purger une peine de 15 mois pour outrage à la justice, il sera éligible pour une libération anticipée dans trois ou quatre mois. En raison de son âge, Jacob Zuma a obtenu de la Cour constitutionnelle qu’elle réexamine sa sentence ce jour en raison de son âge : 79 ans.
L’incarcération de l’ancien président, accablé par une série de scandales de corruption, est une première dans le pays. Elle est surtout vue comme un vrai test pour les institutions de cette jeune démocratie. « Cette arrestation envoie un message positif, à la société sud-africaine et au reste du monde, que notre jeune démocratie est en train de mûrir et que l’Etat de droit prévaut dans notre pays. Si l’on peut arrêter un ancien président, cela veut dire qu’il n’y a aucune autre personne qui puisse être au-dessus de la loi. Pour la plupart des observateurs de la vie politique, cette incarcération est un signe de la bonne santé de la démocratie sud-africaine », souligne Prince Mashele, analyste politique sud-africain. Même son de cloche chez le porte-parole du Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir, Pule Mabe qui a salué une victoire pour l’« Etat de droit et l’indépendance de la justice » dans cette jeune démocratie. Jacob Zuma est accusé d’avoir pillé les ressources publiques pendant ses neuf années au pouvoir. Depuis la création en 2018 d’une commission d’enquête sur la corruption d’Etat, l’ancien président, mis en cause par une quarantaine de témoignages, multiplie les manœuvres pour éviter de témoigner. En novembre 2020, convoqué pour témoigner, il s’était enfui au milieu de son audition sans y être autorisé.