Lancé le 23 décembre 2019 par le procureur d’Abidjan, Richard Christophe Adou, le mandat d’arrêt international contre l’ancien président de l’Assemblée nationale et candidat déclaré à la présidentielle de 2020 est irrecevable.
L’Organisation Internationale de Police Criminelle (Interpol), créée le 7 septembre 1923 dans le but de promouvoir la coopération policière internationale et basée à Lyon en France, a émis un avis défavorable mettant à bas la requête de la Justice de la Côte d’Ivoire. Il ressort que le mandat d’arrêt international lancé contre Guillaume Soro pour « présomption grave de tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national, recel de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux portant sur la somme de 1,5 milliards de F CFA », tombe sous le coup de l’article 3 du statut d’Interpol. « Toute activité ou intervention dans des questions ou affaires présentant un caractère politique, militaire, religieux ou racial est rigoureusement interdite à l’organisation », stipule l’article 3 du statut d’Interpol adopté en 1956. L’ « atteinte contre l’autorité de l’Etat et l’intégrité du territoire national », étant une infraction à caractère politique a été jugée irrecevable. De ce fait aucune notice rouge, document qui consiste à demander aux services chargés de l’application de la loi du monde entier de localiser et de procéder à l’arrestation provisoire d’une personne dans l’attente de son extradition, de sa remise ou de toute autre procédure judiciaire, n’a été publiée contre Guillaume Soro, leader du mouvement Générations et peuples solidaires (GPS).
Un revers pour les autorités ivoiriennes
Au nom de la souveraineté nationale, le respect des droits de l’homme, la neutralité, et la coopération constante et active, quatre grands principes qui gouvernent l’action d’Interpol lors de l’exécution de son mandat, Guillaume Soro peut dormir sur ses deux oreilles et sillonner en toute quiétude les pays du monde entier à l’exception de sa Côte d’Ivoire natale. L’Assemblée nationale ivoirienne, où le pouvoir dispose d’une majorité absolue, a annoncé le 21 janvier avoir voté la levée de l’immunité parlementaire de Guillaume Soro, ainsi que celle de cinq autres députés pro-Soro arrêtés après le retour avorté le 23 décembre du leader du mouvement GPS. Il s’agit de Loukimane Camara, Kando Soumahoro, Alain Lobognon, Mamadou Soro, Soumaila Yao.
Les trois groupes parlementaires de l’opposition, PDCI, Vox Populi et Rassemblement considèrent cette décision illégale et demandent la suspension des poursuites contre leurs collègues. « L’arrêté du bureau de l’Assemblée nationale indique que le groupe parlementaire RHDP a introduit une demande de levée de l’immunité parlementaire de six députés. Seul le parquet peut demander l’autorisation de poursuite ou d’arrêter un parlementaire », déclare Yasmina Ouegnin, présidente du groupe parlementaire Vox Populi. « C’est en somme une prérogative exclusive du parquet. Aucun parlementaire, aucun groupe parlementaire, ne peut demander la levée de l’immunité parlementaire d’un autre collègue (…) La demande introduite par le RHDP est par conséquent illégale et à considérer comme n’ayant jamais existé. Les groupes parlementaires PDCI et RDA, Vox Populi et Rassemblement exigent donc la suspension des poursuites engagées contre les députés de l’opposition et demandent la suspension immédiate de leur détention », a-t-elle conclu. De son côté, la coalition soutenant le président Alassane Ouattara, précise dans un communiqué que « l’immunité parlementaire des députés a été levée suite à un vote au scrutin secret des membres du bureau de l’Assemblée nationale ».