Déjà 24 morts, plus de 8 millions d’hectares partis en fumée et 1,25 milliard d’animaux tués dans les feux qui ravagent le pays depuis septembre 2019.
D’après une étude conjointe, révélée le 7 janvier, menée par l’ONG Fonds mondial pour la nature (WWF) et Chris Dickman, chercheur à l’université de Sydney, un milliard et vingt-cinq millions d’animaux sont morts dans les incendies qui consument le pays. Il s’agit principalement des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des batraciens et des chauves-souris. Trois scénarii sont évoqués. Ces animaux ont pu être victimes du brasier lui-même, ou du manque de nourriture engendré par les flammes, ou encore des prédations. « Beaucoup de forêts mettront des décennies à se remettre et certaines espèces seraient au bord de l’extinction. Avant que les feux ne se calment, l’étendue réelle des dommages restera inconnue », a tristement constaté Dermot O’ Gorman, directeur de la branche australienne de WWF, dans un communiqué.
La part des changements climatiques
« Le changement climatique est très certainement en cause. Cela modifie les chances de voir quelque chose brûler, puisqu’il fait plus chaud et plus sec qu’au cours d’un été ordinaire en Australie », assure Peter Thorne, expert en changement climatique à l’Université irlandaise de Maynooth.
Si les feux de forêts et de bush sont monnaie courante au printemps et en été en Australie, leur actuelle intensité et leur durée sont sans précédent, selon les pompiers du pays et les scientifiques étudiant le changement climatique. S’il n’est pas rare de voir démarrer des incendies à cette période de l’année, mais les fortes températures liées au changement climatique les aggravent. « C’est très difficile d’attribuer un événement particulier aux effets du changement climatique. Mais la température moyenne en Australie est en ce moment supérieure d’un degré à la moyenne des dernières décennies », a déclaré Richard Thornton, chef du centre de recherche australien des feux de bush et des catastrophes naturelles. Scott Morrisson, le premier ministre climatosceptique australien, a en effet de nombreuses fois nié le rôle du réchauffement climatique depuis le début des feux. Avec 24 morts, plus de 8 millions d’hectares partis en fumée et 1,25 milliard d’animaux tués dans les feux, l’Australie fait face à l’une des pires catastrophes écologiques de son histoire.
Une affaire planétaire
« Ce qui se passe actuellement en Australie est un signe précurseur pour les autres pays, un avant-goût de ce à quoi ressemblera notre avenir si nous n’agissons pas très vite. Ce que nous réserve l’avenir est bien pire en l’absence d’actions concrètes pour le climat », a déclaré Michael Mann, climatologue à l’Université d’État de Pennsylvanie, dans des propos relayés par Radio Canada.
« Nous allons faire face à des feux extrêmes comme ceux-ci plus fréquemment à l’avenir en raison de l’augmentation des températures », prévient Richard Thorton. Des scientifiques estiment qu’une accentuation du changement climatique dans les décennies à venir ne ferait que multiplier les feux en Australie. Ils sont nombreux à réclamer des actions concrètes du gouvernement australien et des leaders mondiaux depuis septembre 2019, période de départ des premiers feux dévastateurs.