Pour Lewis Mudge, directeur Afrique centrale pour Human Rights Watch (HRW), il n’y a pas de doute sur l’origine des hommes armés, auteurs des exécutions sommaires et autres exactions contre des civils en République centrafricaine (RCA). « Les Centrafricains sont capables de distinguer les forces étrangères d’un autre pays comme la France, par exemple, et les forces qui parlent russe, qui circulent avec des véhicules russes, qui portent les mêmes tenues que les soldats russes qui se trouvent à Bangui ou bien à Berengo », a-t-il expliqué. Dans un rapport publié le 3 mai 2022, HRW affirme avoir des « preuves convaincantes » qui démontrent que des paramilitaires russes soutenant le pouvoir en Centrafrique y ont commis « de graves abus » sur des civils, dont des meurtres et tortures, « en toute impunité » depuis 2019. « Le crime le plus grave qu’on a documenté, c’était une exécution sommaire en masse, le 28 juillet 2021 au nord de la ville de Bossangoa en plein jour et contre des gens qui n’étaient pas armés. On a documenté une dizaine de morts, ça peut être un crime de guerre », a rapporté Lewis Mudge.
Le rapport établit clairement un lien, en s’appuyant sur des « preuves » avancées par des gouvernements occidentaux et des experts de l’ONU, entre les « forces russes » et Wagner, qui a, selon lui, « des liens manifestes avec le gouvernement russe ». Seulement, le pouvoir en place à Bangui a toujours soutenu que le groupe Wagner n’existe pas en RCA. C’est donc sans surprise qu’il balayera les accusations de HRW.
Le 4 avril 2022, Bangui avait déjà vivement rejeté les accusations d’exactions portées par le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU à l’encontre de son armée et de ses alliés russes. Ces derniers étaient alors accusés de violences sexuelles, d’actes de torture et de traitements inhumains. L’ONU pointait un doigt accusateur sur l’Etat centrafricain.