« Il n’y aura pas d’hommage officiel », annonçait Abderaman Koulamallah, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement du Tchad, le 24 août, jour de disparition de l’ancien président Hissène Habré, 79 ans. En ultime oraison, devant les portes du cimetière de Yoff, Hamid Hissène Habré, l’un de ses fils travaillant en France et né à Dakar, prit la parole. « Aujourd’hui, devant la dépouille de mon père, je m’incline respectueusement, le cœur douloureux », lance-t-il, ajoutant que Habré a été pour lui « un père aimant ». « Notre devoir, c’est de le réhabiliter et de lui rendre justice », conclut-il. Il sera le seul à avoir pris la parole au nom de la famille. Aucune des deux épouses de l’ancien chef d’Etat n’a été aperçue, pas même à l’extérieur du cimetière. Parmi les personnes reconnues derrière leur masque anti-COVID, Amadou Tidiane Wone, un ancien ministre de la Culture sous la présidence d’Abdoulaye Wade. L’on distingue également dans l’assemblée Abdoul Mbaye, l’ancien Premier ministre de Macky Sall devenu opposant, et Amadou Ciré Clédor Ly, l’avocat emblématique d’Hissène Habré lors de son procès devant les Chambres africaines extraordinaires.
La prière mortuaire avait auparavant été dirigée par l’imam Thierno Mountaga Amadou Bachir Tall à la mosquée omarienne, qui fait face à la mer sur la corniche dakaroise, à hauteur du quartier de la Médina. En treillis noirs et brassards orange, la police a géré les nombreux journalistes et les quelque 200 personnes réunis au sortir de la prière de Tisbaar pour rendre un dernier hommage à l’ancien président. Le corbillard noir précédé d’un motard de la police prit la direction du cimetière, suivi du cortège composé de voitures mais surtout de scooters et de motos Jakarta chevauchés par des Tchadiens enturbannés. Il était 15 h 41 lorsque, sous un soleil de plomb, le cercueil en bois luisant de l’ancien président du Tchad a été mis en terre au cimetière musulman de Yoff. Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad entre 1982 et 1990, date de sa chute, avait été condamné à la prison à vie en 2016 par une juridiction spéciale instaurée en coopération avec l’Union africaine, pour crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Il avait été arrêté dans son pays d’accueil, le Sénégal, en 2013.