Selon le ministre ivoirien de la Communication, Sidi Touré, le bilan global des troubles politiques qui ont souvent dégénéré en affrontements intercommunautaires, surtout dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, s’établit à 85 morts et 484 blessés. Il y a eu 34 morts avant le scrutin, 20 le jour du vote et 31 après, a-t-il détaillé, le 11 novembre, ajoutant que 225 personnes ont été interpellées, 167 inculpées et 45 écrouées. Plusieurs leaders de l’opposition, dont l’ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, son porte-parole, ont été arrêtés, alors que d’autres sont bloqués à leur domicile par les forces de l’ordre. C’est dans ce contexte politique, communautaire et sécuritaire délétère que le président Alassane Ouattara, réélu, a rencontré son frère aîné, Henri Konan Bédié, à Heden Golf Hôtel d’Abidjan, un lieu neutre chargé d’histoire.
Pendant 45 minutes, les deux hommes d’Etat, assistés de Fidèle Sarassoro, le directeur de cabinet du président de la République, et le général Gaston Ouassénan Koné, le vice-président du PDCI-RDA, ont échangé. Au terme du conclave, ils étaient face à la presse dans le hall de l’établissement. « C’était une première rencontre pour briser le mur de glace et rétablir la confiance », a déclaré Alassane Ouattara. « Nous avons pu effectivement briser le mur de glace et de silence », a confié Konan Bédié. Ils ont promis d’autres entrevues à venir. « Nous allons dans les jours et semaines à venir continuer à nous téléphoner et à nous rencontrer pour qu’enfin le pays soit ce qu’il était avant », a promis Konan Bédié. « La paix est la chose la plus chère à tous les deux et à tous les Ivoiriens et nous avons décidé d’œuvrer pour qu’il en soit ainsi », a assuré le président Ouattara.
L’image offerte par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié est prometteuse. Ce tête-à-tête pourrait apaiser les tensions sur le terrain. En 45 minutes, Heden Golf Hôtel d’Abidjan, autrefois lieu symbolique de la crise ivoirienne de 2010-2011, s’est dressé en un formidable pont vers la paix. Hier allié d’un Ouattara, alors président élu, Henri Konan Bédié a désormais la lourde charge de convaincre le reste de l’opposition de suivre ses pas. Désormais les risques de divisions pèsent sur l’opposition. Dès la fin de la rencontre avec Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié a proposé à tous les représentants de partis politiques d’opposition de « faire le point sur leurs attentes et leur vision de l’avenir ». Encore faut-il que les poids lourds de l’opposition puissent être disponibles car ils sont soit en exil, soit en prison, soit en fuite.
La traversée du pont construit à Heden Golf Hôtel d’Abidjan, pour parvenir à la paix, sera longue et semée d’embuches. Car les questions qui se posent sont innombrables : qui va mener les discussions ? Quels compromis les deux camps sont-ils prêts à faire ? Comment l’opposition, si hétéroclite, du FPI Affi, au FPI Gbagbo en passant par GPS de Guillaume Soro, ou encore l’UDPCI de Mabri Toikeusse, pourra-t-elle s’exprimer d’une seule et même voix ?