Selon un communiqué rendu public le 30 juillet par le secrétaire général de la présidence de la République, ce proche du président Alassane Ouattara prend la tête de la primature pour succéder au défunt Amadou Gon Coulibaly.
« Le président de la République, S.E. Alassane Ouattara, a procédé, ce jeudi 30 juillet 2020, à la signature d’un décret portant nomination de M. Hamed Bakayoko, en qualité de Premier ministre, chef du gouvernement, ministre de la Défense », a signé Patrick Achi, le ministre, secrétaire général de la présidence de la République de Côte d’Ivoire. Le président Alassane Ouattara a choisi de remettre les clés de la primature à Hamed Bakayoko, 55 ans, qui en assurait l’intérim depuis près de deux mois. Son nom avait circulé comme présidentiable, avant la désignation en mars d’Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir pour la présidentielle d’octobre en Côte d’Ivoire. Conscient de la période d’incertitude que traverse son pays à la veille d’une élection présidentielle plus que jamais sous haute tension, Hamed Bakayoko s’en est remis à Dieu. « Que Dieu tout-puissant m’assiste », a publié le nouveau Premier ministre, sur sa page digitale officielle, à la suite de l’audience que lui a accordée le chef de l’Etat en fin d’après-midi. De l’enfance à Adjamé à la primature, Hamed Bakayoko affiche un parcours de conquérant et d’homme de convictions.
Du haut de son mètre quatre-vingt-neuf, l’ancien journaliste et homme d’affaires Hamed Bakayoko est devenu en une décennie un acteur politique incontournable. D’abord ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur en 2011, il est devenu ministre de la Défense en 2017 et depuis deux ans maire d’Abobo, l’une des deux communes les plus peuplées d’Abidjan et de Côte d’Ivoire. Vingt ans plus tôt, il était un heureux dirigeant de médias, Le Patriote, Radio Nostalgie ou encore Nostalgie Afrique. Né dans le quartier d’Habitat-Extension, dans la commune d’Adjamé, Hamed Bakayoko est issu d’une famille pieuse et conservatrice. Il est descendant d’érudits musulmans connus de la famille d’El-Hadji Moussa Bakayoko, celui-là même qui, selon la légende, fonda la ville de Koro, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire. Elevé par son père veuf avec son frère et ses deux sœurs, Hamed Bakayoko part dès la fin du lycée pour le Burkina Faso afin d’y étudier la médecine. Il n’ira pas au bout, car à Ouaga il s’éveille à la politique, découvre Thomas Sankara et les discours de lutte.
A son retour à Abidjan, il se lance en politique et fonde le journal Le Patriote qui se veut proche du président Houphouët-Boigny et du PDCI. Le président n’y est pas sensible et Hamed Bakayoko décide de se mettre au service de la défense du Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara. Il vient de lancer avec Djéni Kobina le Rassemblement des Républicains (RDR) et Le Patriote en devient son organe de presse. Mais Henri Konan Bédié, grand rival d’Alassane Ouattara, ne digère pas l’un des courriers de lecteur lui portant atteinte. Bakayoko est envoyé en détention à la Maca, à Abidjan, pour quatre mois et seize jours. Après sa sortie, il se lance en radio avant de faire la rencontre de celle qui deviendra la première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, qui investit dans son média. Depuis cette époque, une relation de confiance s’est installée entre les deux hommes qui se sont rapprochés au fil des années. Au point que lorsque le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo est finalement arrêté dans sa résidence de Cocody par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), Alassane Ouattara désigne Hamed Bakayoko pour assurer la protection de l’ancien président à l’hôtel du Golf.