Les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé, le 8 septembre, de suspendre la Guinée des instances de décision de l’organisation et de dépêcher une mission dans le pays à la suite du putsch qui a renversé le président Alpha Condé trois jours plus tôt. A l’issue de cette mission d’une durée non précisée, « la CEDEAO réexaminera ses positions », a indiqué Alpha Barry, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, après avoir pris part au sommet par visioconférence. Si les dirigeants des Etats de l’Afrique de l’ouest n’ont pas évoqué de sanctions économiques contre le comité national de rassemblement et de développement (CNRD), junte militaire au pouvoir depuis le 5 septembre, ils ont exigé le respect de l’intégrité physique du président Alpha Condé, sa libération immédiate ainsi que celle de toutes les personnes interpellées. Ils réclament également que les militaires « mettent en place un processus qui permette d’arriver très rapidement à un retour à l’ordre constitutionnel normal », a précisé Alpha Barry.
Au lendemain du coup d’Etat, le CNRD a reçu un soutien de poids : celui du chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo. « Le CNRD peut compter sur le soutien de l’ANAD dans l’effort qui vise à construire une démocratie apaisée dans notre pays. C’est l’occasion de rendre hommage à tous les Guinéens de l’intérieur comme de l’extérieur dont la mobilisation a contribué à la chute de cette dictature et d’honorer la mémoire de ceux qui ont consenti le sacrifice ultime pour l’avènement du 5 septembre 2021. L’ANAD exhorte le CNRD à inclure dans ses responsabilités prioritaires la mise en place d’institutions démocratiques légitimes capables de mettre en œuvre des réformes pouvant conduire rapidement le pays à la réconciliation nationale et à l’instauration de l’Etat de droit », a-t-il déclaré. Du côté de la société civile, on préfère rester prudent. Ce coup d’Etat s’inscrit dans l’histoire tourmentée de la Guinée qui, depuis l’indépendance en 1958, a été dirigée par des régimes autoritaires, avec des actions brutales de ses forces armées.
Le chef des putschistes, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a promis un gouvernement d’union nationale chargé de conduire la transition politique et a assuré qu’il n’y aura pas de « chasse aux sorcières ». Le 10 septembre, le CNRD a reçu les bilans écrits des différents départements ministériels. Les nouveaux patrons de Conakry ont également procédé au remplacement des commandants des escadrons mobiles et ceux des compagnies mobiles d’intervention et de sécurité par leurs adjoints.