En soutenant respectivement Faustino Fudut Imbali et Aristide Gomes comme Premier ministre légitime, ils plongent la scène politique dans une impasse mettant en péril l’élection présidentielle prévue le 24 novembre 2019.
28 octobre 2019, le président de la République José Mario Vaz nomme Faustino Fudut Imbali Premier ministre, en remplacement d’Aristide Gomes, soupçonné d’entretenir « une grave crise politique qui empêche le fonctionnement normal des institutions ». Un limogeage qu’Aristide Gomes qualifie de « nul et non avenu ». Dans cette posture, Aristide Gomes compte plusieurs soutiens. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’ONU jugent « illégal » le décret du président José Mario Vaz, et encouragent la classe politique nationale, le président José Mario Vaz en tête, à avancer vers la tenue de l’élection présidentielle prévue le 24 novembre prochain. Face à cette situation, le président José Mario Vaz dénonce une ingérence.
Comment sortir de l’impasse ?
« Le comité ministériel de la Cédéao lance une dernière fois un appel solennel à tous ceux qui ont été abusivement entraînés dans le gouvernement illégal de M. Faustino Imbali afin qu’ils démissionnent, et les invite à prendre leur distance par rapport à toutes les initiatives visant à compromettre les prochaines élections présidentielles et à porter atteinte aux institutions légales de la Guinée-Bissau », a déclaré mercredi dernier à la presse le représentant à Bissau de la Cédéao, Blaise Diplo. Dans la suite de son propos, il a durci le ton. « Les gens qui seraient tentés ou qui sont dans le gouvernement disposent encore de 48 heures pour faire connaître leur décision de démission à la représentation spéciale de la Cédéao en Guinée-Bissau. Au-delà du jeudi 7 novembre, ils seront passibles de lourdes sanctions qui seront prises à leur encontre par le sommet extraordinaire de la Cédéao prévu à Niamey, au Niger le 8 novembre 2019 », a-t-il poursuivi.
La Cédéao semble tenir, comme d’habitude, la clé pour lever l’impasse politique en Guinée-Bissau. En juin 2019 par sa médiation, le président José Mario Vaz arrivé en fin de mandat le 23 juin a connu une prorogation avec des pouvoirs limités jusqu’à la présidentielle. Alors que la présidentielle approche, le président José Mario Vaz semble vouloir tourner le dos à la médiation de la Cédéao, lorsqu’il affirme que sa décision de nomination d’un nouveau Premier ministre est « irréversible ».
La campagne pour la présidentielle est lancée
Le Conseil de sécurité de l’ONU avait appelé le 1er novembre au respect de la date de la présidentielle en Guinée-Bissau, en rejetant le changement de gouvernement décidé par son président. La campagne électorale ouverte le 2 novembre court jusqu’au 22. Douze candidats sont en lice dont le président sortant José Mario Vaz âgé de 62 ans, et son ancien Premier ministre du 4 juillet 2014 au 20 août 2015, Domingos Simoes Pereira âgé de 56 ans, chef de la majorité menée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). La Cédéao et l’ONU sont déterminés à exorciser les vieux démons qui ont plongé le pays, depuis son indépendance en 1973, dans une logique de violence marquée de coups d’Etat ou tentatives de coups.