La nouvelle équipe gouvernementale compte 36 membres, dont quatre ministres d’Etat et huit femmes, selon le décret du président Denis Sassou Nguesso lu à la télévision publique ans la nuit du 15 mai. Parmi les onze personnalités qui font leur entrée dans ce gouvernement figure Denis Christel Sassou Nguesso, 46 ans, fils du président, qui prend le portefeuille fraîchement créé de la Coopération internationale et de la Promotion du partenariat public-privé. Cette nomination a suscité de vives réactions des autorités congolaises après les propos tenus sur Radio France Internationale (RFI) par Me William Bourdon, le fondateur de l’association Sherpa. Sherpa est une organisation à but non lucratif créée en 2001 dont l’objet est de protéger et défendre les populations victimes de crimes économiques.
Me William Bourdon a estimé que la désignation au sein du nouveau gouvernement congolais de Denis Christel Sassou Nguesso, fils du président Denis Sassou Nguesso est une sorte « d’abri judiciaire ». Le ministre congolais de la Communication, Thierry Mungala, a immédiatement réagi aux propos de Me Bourdon. « Le ministre Denis Christel Sassou Nguesso a un parcours personnel, professionnel et politique qui justifie amplement, au-delà de considérations complètement absurdes de maître Bourdon, sa nomination au gouvernement. Il est membre d’un grand parti politique, et député. Il a, à la tête d’une fondation Perspective d’avenir, mise en place des actions caritatives qui sont connues de tous les Congolais. L’évolution de sa carrière est tout à fait logique et son patronyme n’y est pour rien. Le gouvernement de la République considère de tout temps que les ingérences dans des affaires ou des pseudo-affaires congolo-congolaises n’ont pas lieu d’être. Et cet impérialisme judiciaire doit un jour cesser », a tranché le porte-parole du gouvernement.
Ancien député du Parti congolais du travail (PCT), Denis Christel Sassou Nguesso a surtout été cadre dirigeant à la société nationale pétrolière congolaise, la SNPC. Depuis quelques temps, il est soupçonné de détournements massifs de l’argent du pétrole. Une thèse fortement soutenue par l’association Sherpa et l’ONG Global Witness. Des enquêtes sont en cours en France pour biens mal acquis et une plainte a été déposée, aux Etats-Unis, au sujet d’un appartement de luxe à Miami. Les adjuvants de cette thèse estiment que l’entrée du fils du président dans le gouvernement est un stratagème de la famille Sassou Nguesso pour tenter de le soustraire aux poursuites judiciaires à l’étranger. « Denis Christel s’est toujours présenté comme l’héritier de son père, c’est un personnage puissant qui bénéficie de réseaux importants et là il sent que le compte à rebours commence à s’égrainer. Il pense que rentrer au gouvernement, ce petit passe-passe minuscule, va pouvoir être une espèce d’abri judiciaire », pense un responsable de l’ONG Global Witness.