A l’issue de dizaines d’auditions, souvent poignantes, La commission d’enquête parlementaire (CPI) a accusé le président Jair Bolsonaro et son gouvernement d’avoir délibérément exposé les Brésiliens à une contamination de masse au COVID-19. Après approbation du rapport de 1 200 pages de la CPI, les sénateurs ont observé une minute de silence en hommage aux plus de 606 000 Brésiliens décédés de la COVID-19, sur 22 millions de cas officiellement recensés. « Crime contre l’humanité », « charlatanisme », « incitation au crime ». Voilà trois des neuf chefs d’accusation contre Jair Bolsonaro pour avoir laissé courir le virus, dans l’espoir de parvenir à l’immunité collective « par la contagion » ; avoir retardé l’acquisition du vaccin au profit d’un traitement notoirement inefficace à l’hydroxychloroquine ; et avoir encouragé les Brésiliens à ne pas respecter les mesures sanitaires mises en œuvre par les villes et les Etats du pays, tel le confinement et le port du masque. Si la plupart de ces accusations sont symboliques, le chef de l’Etat pourrait être jugé devant la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité.
La CPI a également demandé l’inculpation de 65 autres personnes, dont quatre membres actuels du gouvernement et deux ex-ministres. Sans oublier trois fils du président, pour « incitation au crime » : ils sont accusés d’avoir alimenté les réseaux sociaux en « fake news » assimilant le COVID-19 à une « grippette » ou niant l’efficacité du masque et des vaccins. Les sénateurs ont également exigé la suspension des comptes possédés par Jair Bolsonaro sur les réseaux sociaux. Une première dans l’histoire numérique et politique de la jeune République brésilienne. La CPI ne pouvant aller plus loin, son rapport va être transmis au parquet, seul compétent pour inculper les personnes qu’elle a incriminées. Mais dans le cas de Jair Bolsonaro, les spécialistes jugent une inculpation peu probable, puisqu’elle est du ressort du procureur général, Augusto Aras, un allié du président. En théorie, Jair Bolsonaro risque de vingt à quarante années de prison.