Victoire Lasséni Duboze et le Réseau panafricain des femmes pour la culture de la paix et le développement durable ne décolèrent pas contre la décision des autorités de supprimer le ministère de la Famille, de la Décennie de la Femme et de l’Egalité des chances.
« Femme et vin ont leur venin » affirmait un proverbe du XVième siècle. Pas sûr que ce venin fasse du bien au fragile président Ali Bongo, à peine remis d’un accident vasculaire cérébral, qui dans un discours enregistré de huit minutes et diffusé par la télévision nationale le 8 juin 2019 annonçait la formation d’un nouveau gouvernement. « Il est capital d’en finir une fois pour toutes avec la corruption qui gangrène nos institutions, d’en finir avec la mauvaise gestion, la mauvaise gouvernance, qui nous empêchent d’avancer » a asséné Ali Bongo avant de continuer : « le ménage doit être fait au sein de notre classe politique, au sein de laquelle le mot éthique doit résonner avec force ».
La rigueur et l’efficacité recherchées par le président ont débouché sur le nouveau gouvernement Julien Nkoghe Bekale II, présenté le 10 juin dernier. Ce gouvernement ne compte que six femmes (dont trois à des postes de ministres délégués) sur 29 ministres contre 37 auparavant, laissant sept femmes de l’ancienne équipe sur la touche et surtout supprimant le névralgique ministère de la Famille, de la Décennie de la femme et de l’Égalite des chances. Toutes choses qui ont suscité la colère des femmes gabonaises.
En se positionnant aux antipodes de ses promesses électorales et de son prédécesseur et père Omar Bongo Ondimba, qui a toujours réservé une place de choix à ce ministère dans ses gouvernements, Ali Bongo justifie son option par un souci d’efficacité. Ses efforts de retour sur la scène publique seront sérieusement perturbés car Victoire Lasséni Duboze, présidente du Réseau panafricain des femmes pour la culture de la paix et le développement durable, a promis qu’« ils ne vont pas dormir tranquilles, parce qu’ils savent qu’il ne faut pas mettre en colère les femmes. Nous voulons qu’ils soient humbles pour comprendre que nous ne sommes pas là en rébellion, nous ne sommes pas là en menace. Nous sommes là pour leur rappeler pourquoi ce département ministériel existe ». Le président Ali devra aussi méditer cette pensée de Molière qui dit : « les langues ont toujours du venin à répandre » car la colère dans laquelle sont plongées les membres du Réseau panafricain des femmes pour la culture de la paix et le développement durable pourrait les protéger du danger et de l’injustice, pour leur permettre de passer à des actions plus nuisibles.